C’est un très bel ouvrage et un gros volume qui vient de sortir chez I.D. l’Edition. En 296 pages et plus de 650 photos, « Inoubliables Bains municipaux de Strasbourg » raconte l’histoire d’un établissement mythique et magnifique, construit par l’architecte Fritz Beblo, inauguré en 1908, et tout dernièrement rénové.
L’historien Jean Klein (texte) et Giljean Klein (photos) sont les auteurs d’un livre qui se veut à la fois trace historique, sociologique et technique. Partis à la découverte des Bains en 2011, les deux compères se sont pris au jeu jusqu’à en faire une passion. Leur ouvrage, fruit de 7 années de travail, offre un parcours initiatique coloré et charmeur pour curieux, passionnés, nostalgiques. Un voyage dans un univers de couloirs, de salles, de pièces, de caves mystérieuses, sous les charpentes, sur les toits, dans les lanterneaux…
Les Bains dits « de la Victoire » (du nom du boulevard qui les longe), où tant de Strasbourgeois ont appris à nager, sont une construction exceptionnelle à plus d’un titre. Leur réalisation s’inscrivait dans un projet résolument moderne pour l’époque. L’architecte avait vu grand : il s’agissait de fournir à une ville de près de 150 000 habitants (chiffre de 1905) un équipement sanitaire complet, comprenant des bassins natatoires mais aussi nombre de douches et de baignoires en cabine. On pouvait même y laver son chien – rue des Bains, une porte ornée de l’animal ouvrait sur l’installation.
Tout évoque l’eau, les vagues, l’hygiène
Pour faciliter l’accès de l’équipement au plus grand nombre, les tarifs des douches étaient fixés en fonction des revenus des clients. Les plus nécessiteux déboursaient quelques centimes pour une baignoire, et pour un mark, les CSP +++ pouvaient, eux, profiter d’une cabine équipée d’une baignoire avec liseré or! On y observait une stricte séparation des sexes : aux femmes le petit bassin, aux hommes le grand, il en était de même pour le service des baignoires. Un peu plus tard, en 1911, des bains médicinaux viendront s’ajouter au bain thermal.
Dans cette piscine d’une grande beauté, tout évoque l’eau, les vagues, l’hygiène. Voyez les deux vitraux des bains romains inspirés par la « Vague de Kanawaga » du peintre japonais Hokusaï. Regardez le haut des cabines de change. Approchez-vous des douves et observez la forme de la rampe. Des couleurs utilisées aux différents volumes, tout ici n’est que calme, luxe et volupté.
Les auteurs ont également eu le souci de montrer ce que les usagers ne pouvaient voir : le sous-sol abritant le matériel nécessaire à l’entretien au quotidien et aux multiples réparations, ou le grand hall tout à droite qui hébergeait trois puis deux chaudières productrices de vapeur d’eau. Ils livrent un remarquable témoignage de ce que furent les Bains pendant plus de 110 ans, avant leur rénovation.
« Inoubliables bains municipaux », 296 p, I.D. l’Edition. Prix : 35€.