Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

L’iranienne

C’est presque surréaliste, de se dire qu’il y a des pays où une femme en slip et en soutif représente un danger pour la nation. 

Chez nous en occident, c’est une image courante, dans la pub, dans les films. Ça n’émeut plus personne. Ça émoustille, tout au plus, ça fait vendre de la jolie lingerie ou ça agace. Une fille qui se déshabille en pleine rue, ce serait presque une scène de comédie au cinéma. Le principal souci de l’actrice principale, se serait d’être certaine que le chef op a bien fait le nécessaire pour masquer le plus infime soupçon de cellulite. 

« Là-bas », le principal souci de cette jeune fille, ça va être désormais de rester en vie. 

« Là-bas », son geste peut faire trembler un régime politique, attirer la violence et la mort et faire disjoncter le cerveau de tarés. 

(Je n’utilise pas l’écriture inclusive, mais pour une fois, je pourrais écrire taré.e.s histoire de rappeler que la police des mœurs comporte dans ses rangs un nombre non négligeable de femmes et que ces dernières ne sont pas les moins actives pour alimenter la répression.)

Je pense à cette jeune fille, dont le courage incroyable me bouleverse. J’aimerais la serrer dans mes bras et la protéger.

J’avais envie d’écrire un truc fort, de dire que, en pensée, les femmes occidentales marchent toutes à ses côtés, qu’elles sont admiratives et solidaires de son combat. 

J’avais envie… et puis je me suis souvenue que « ici », doucement, tranquillement, l’idée que le corps des femmes devrait être caché fait son chemin. 

Ou tout au moins une certaine forme de complaisance qui, au nom du progressisme, s’accommode de l’avancée de ces idées obscurantistes.

Ouf, « ici», pas de violence, pas de pression, pas d’emprisonnement. Mais le concept infuse tout de même, à la cool, sur Tik Tok, dans les amphis, dans le sport, dans la pub. 

Il faut se méfier de la hype, parfois. 

Rien de grave, rien de commun avec l’enfer des Iraniennes. 

Juste une petite musique discrète, mais de plus en plus présente, sur le charme de la « mode modeste » et sur l’obligation de la fameuse « pudeur », qui, comme chacun le sait, n’a besoin ni de justification, ni d’écriture inclusive pour, dans l’esprit de certains, s’envisager comme par hasard, toujours exclusivement au féminin.

Nathalie Bianco

Partager cet article :

Facebook
Twitter
LinkedIn