L’autre jour, j’avais invité un ami, professeur d’université, très à gôche, à dîner. Nous avons, comme souvent, refait le monde, lui avec ses idées, moi avec les miennes. Au moment de se quitter, il me dit qu’il cherchait une bonne entreprise pour repeindre sa maison. Je lui conseille une entreprise près de chez lui, réputée pour la qualité de ses prestations. Il me répond : « Lui ? Je le prendrais bien, il est turc, mais c’est un facho, il vote LR ».
C’est d’autant plus agaçant que ces propos sortent de la bouche non seulement d’un universitaire, mais aussi et surtout de quelqu’un dont on vient de remplir abondamment la panse. Il faut croire que c’est une coutume des gens de gauche : mordre la main de ceux qui les nourrissent ; probablement la conception marxiste de la gratitude.
On retrouve ce comportement chez Mélenchon qui, dès l’annonce du résultat des législatives, s’est empressé de trahir et d’insulter Macron qui a pourtant fortement contribué au score du NFP. Il est vrai qu’en matière de duplicité, il est difficile de départager ces deux-là.
Le même professeur m’avait fortement invité à regarder le film d’Aymeric CARON sur les « atrocités commises par Tsahal » dans la bande de Gaza, sans pour autant m’inviter à regarder le film sur les atrocités commises par le Hamas. Pour quoi faire, puisque la Vérité et le Bien sont d’un seul côté ?
Et puis, la Vérité a-t-elle besoin de contradiction ? Non, bien sûr. Elle n’a pas davantage besoin de la lucidité qui lui permettrait de faire le même constat que tous les gens honnêtes : l’absence de majorité claire. Le NFP a obtenu 178 sièges, ce qui correspond à moins du tiers des sièges de l’Assemblée. Toute personne censée comprend alors que lorsque plus des deux tiers ne votent pas pour vous c’est qu’ils ne veulent pas de votre politique et qu’elle ne peut donc s’imposer à tous, sauf consensus.
Rappelons enfin que le RN a battu, en pourcentage, l’Union des Gauches avec 29,6 % contre 28,06 % au premier tour et 32 % contre 25,5 % au deuxième tour. (Source : ministère de l’Intérieur). Un peu de modestie de la part de Mélenchon, Bompard, Tondelier et consorts eût été de bon aloi.
LFI a obtenu 71 sièges et n’a donc même pas la majorité absolue au sein du NFP qui compte un total de 180 élus. Son score est également inférieur à celui de Renaissance qui compte 98 élus. Pour autant, LFI réclame le poste de Premier ministre et, avec lui, le gouvernement de la France !
Si tous les autres ont compris – à l’exception de Macron – que les trois blocs qui composent désormais la représentation nationale correspondent, comme le rappelle Jérôme Fourquet, aux trois blocs sociologiques du pays, la Gauche, fidèle à ses habitudes depuis 50 ans, persiste à nier le réel et s’est persuadée de détenir une majorité qui n’existe nulle part. Le réel n’existe que s’il est conforme à ce qu’elle veut, sinon il faut le nier ou le détruire.
La Gauche refuse le verdict des urnes, elle rejette la décision du Peuple majoritaire ; en réalité, elle refuse le Peuple.
Brecht avait raison : il faut changer le Peuple.
OT