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JO mercantilisme ou humanisme

Les Jeux olympiques (JO), aussi appelés Jeux olympiques modernes, puisqu’ils prolongent la tradition des jeux olympiques de la Grèce antique, sont des événements sportifs  internationaux majeurs, regroupant les sports d’été ou d’hiver, auxquels des milliers d’athlètes participent à travers différentes compétitions tous les quatre ans, pour chaque olympiade moderne.

Originellement tenus dans le centre religieux d’Olympie, de la Grèce du VIII° siècle av. J.-C. au IV° siècle apr. J.-C., les Jeux sont rénovés par le baron français Pierre de Coubertin en 1894 lorsqu’il fonde le Comité international olympique (CIO) qui est devenu l’organisation gouvernant le mouvement olympique dont la structure et les décisions sont définies par la Charte olympique.

Les premiers JO modernes se déroulent en 1896 à Athènes, et l’instauration des Jeux olympiques d’hiver date de 1924 à Chamonix. 

Si le passage de l’amateurisme pur au professionnalisme s’est effectué de façon progressive, le XI° Congrès olympique en 1981 marque une révolution pour l’olympisme avec l’admission de sportifs professionnels. Plus révolutionnaire sera la féminisation des épreuves jusqu’à la parité parfaite acquise aux JO de Paris 2024.

Le CIO adaptera aussi les JO aux changements sociaux du XX° siècle : JO olympiques d’hiver, JO paralympiques et JO de la jeunesse. L’importance croissante des « médias de masse » ira de pair avec la corruption et le dopage, le boycott et le terrorisme.

La célébration des Jeux inclut de nombreux rituels et des symboles, comme le drapeau olympique et la flamme olympique, le relais de la flamme, ainsi que les cérémonies d’ouverture et de clôture. Les trois meilleurs athlètes ou équipes de chaque compétition reçoivent respectivement une médaille d’or, d’argent et de bronze. Pour les Jeux d’été, la participation est plafonnée à environ 10 500 athlètes et à 28 sports se déclinant en plus de 300 épreuves.

Les JO sont devenus si importants que presque chaque nation y est représentée.

Le sportif le plus médaillé des JO, été comme hiver, est le nageur américain Michael Phelps qui gagne, entre 2004 et 2016, 28 médailles dont 23 en or. Aux Jeux d’hiver, la fondeuse norvégienne Marit Bjørgen détient un record de 15 podiums, dont 8 médailles d’or.

Jeux olympiques antiques

De nombreuses légendes entourent l’origine des Jeux olympiques antiques. L’une dit qu’Héraclès construisit le stade olympique ainsi que les bâtiments alentour en l’honneur de son père Zeus, après avoir accompli ses douze travaux, et aurait organisé avec ses quatre frères une course dont il couronna le vainqueur d’une branche d’olivier. Il aurait également défini la longueur du stade olympique en l’arpentant avec la longueur de son pied en avançant de 600 pas.

Les premiers JO sont réputés pour avoir pris place en 776 av. J.-C. sur l’initiative d’Iphitos, roi d’Élide. Cette année marque le début du calendrier olympique, selon lequel les années sont regroupées en olympiades, et l’an 1 du calendrier grec adopté en 260 av. J.-C. Il est probable que les Jeux aient été encore plus anciens, compte tenu de l’abondance des offrandes de l’époque retrouvées à Olympie. Dès lors, les Jeux gagnèrent en importance dans toute la Grèce antique, mais il existe près de 300 réunions sportives du même type, les agônes. On passe à plus de 500 sous l’Empire romain. Les Jeux olympiques forment, avec les Jeux pythiques, les Jeux néméens, et les Jeux isthmiques, un cycle des jeux sacrés dont l’un revient chaque année. L’athlète qui gagne des prix à ces quatre Jeux panhelléniques est désigné par le titre de « periodonikès ».

Le programme des compétitions comprend des épreuves hippiques (chars à deux ou quatre chevaux) et des épreuves athlétiques dites de gymnastique (course à pied sur plusieurs distances, lancer du disque, saut en longueur, lancer du javelot, pentathlon, lutte, pugilat  et pancrace). Disque, longueur et javelot ne donnent pas de titre olympique, mais font partie des cinq épreuves du pentathlon avec la course du stade et la lutte.

Corèbe d’Élis ouvre le palmarès olympique officiel en remportant la course pédestre du stade en 776 av. J.-C. Parmi les autres principaux athlètes grecs des Jeux antiques : Milon de Crotone (lutte, vie siècle av. J.-C.), Diagoras de Rhodes (boxe, Ve siècle av. J.-C.), Polydamas de Scoutoussa (pancrace, VI° siècle av. J.-C.), Léonidas de Rhodes (course, II° siècle av. J.-C.) et Mélancomas de Carie (boxe, au Ier siècle). Lors de la septième olympiade (752 av. J.-C.), le champion olympique reçoit une couronne d’olivier sauvage, une branche de palmier et un ruban de laine rouge appelé la tænia. Le Messénien Daikles est le premier champion olympique honoré ainsi.

Rénovation des Jeux

Les JO connaissent des tentatives de rénovation entre la fin du XVIII° siècle, époque à laquelle on découvre les ruines des sites d’Olympie, et la fin du XIX° siècle. Ainsi l’Olympiade de la République qui se tient à Paris en 1796, 1797 et 1798. Esprit-Paul de Lafont-Pouloti réclame même le rétablissement des JO. Il présente un projet à la municipalité parisienne, qui en rejette l’idée. 

L’actualité de cette fin de XIX° siècle influence nettement l’esprit de ceux qui vont lancer le nouveau mouvement olympique : la défaite grecque contre les Turcs en 1897, celle des Français contre les Allemands en 1870 incitent les gouvernements à réformer l’éducation de leur jeunesse en favorisant le sport et l’éducation physique pour endurcir les corps, fortifier les esprits et préparer cette jeunesse à combattre pour la revanche. C’est cependant la volonté de Pierre de Coubertin de favoriser les interactions culturelles entre les pays et de promouvoir les valeurs éducatives et universelles du pays qui l’oriente vers son projet de rénover les Jeux. De même, l’inspiration puise également ses sources dans des pratiques profondément ancrées dans la culture européenne comme celle des joutes chevaleresques médiévales. 

La fédération omnisports française d’athlétisme USFSA fête son cinquième anniversaire le 25 novembre 1892 dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne à Paris. 

Après le succès initial des épreuves à Athènes en 1896, les olympiades de Paris en 1900, qui virent pour la première fois des femmes participer aux épreuves : Charlotte Cooper étant la première championne olympique, et de Saint Louis en 1904 sont noyées dans les programmes des expositions universelles. Le premier athlète noir à participer, à remporter une médaille et à être champion olympique est le Haïtien d’origine Constantin Henriquez, en 1900.

De 241 athlètes de quatorze nations en 1896, les Jeux passent à 10 568 sportifs représentant 204 délégations lors des JO de Londres en 2012. C’est l’un des événements les plus médiatisés. Les Jeux de Sydney en 2000 réunissent ainsi plus de 16 000 journalistes et diffuseurs. 

Tommie Smith et John Carlos

Poings levés, têtes baissées, devant 400 millions de téléspectateurs. C’est le geste historique de Tommie Smith et John Carlos lors des JO de Mexico en 1968. Un poing levé symbole de la lutte pour les droits civiques aux États-Unis. « Notre revendication était la liberté, l’égalité et non le séparatisme », se souvient Tommie Smith.

Dans ce contexte politique explosif, les deux médaillés américains arborent sur le podium des chaussettes noires, symbole de la pauvreté des Africains-Américains, un foulard, symbole de l’oppression et de l’esclavage, et un gant noir, symbole des Black Panthers. « Les réactions ont été terribles parce que j’ai levé le poing en direction de ce qui est censé être notre plus belle création : “le drapeau américain”, dira Tommie Smith.

Après ce geste, Tommie Smith et John Carlos deviendront des parias. Radiés à vie des JO, ils perdront leur travail et recevront des menaces de mort. « Je ne peux pas vous décrire à quel point c’était difficile. C’était vraiment dur. Beaucoup de personnes n’auraient pas supporté les pressions que j’ai subies », assure Tommie Smith. A partir des années 1980, ils seront réhabilités et célébrés. 50 ans plus tard, leur geste reste un exemple d’engagement

Les femmes aux Jeux olympiques

Le CIO est devenu progressivement le seul décisionnaire sur l’admission d’une discipline au programme olympique. En 1919, Alice Milliat demande au Comité international olympique d’inclure des épreuves féminines lors des prochains JO, mais sa demande est refusée. Alors elle fonde la Fédération sportive féminine internationale (FSFI) et organise les premiers JO féminins en 1922, rapidement renommées Jeux mondiaux féminins face à la colère de la Fédération internationale d’athlétisme. Les femmes sont finalement admises aux épreuves athlétiques des JO d’été de 1928 à Amsterdam.

Depuis les Jeux de 2004 à Athènes, les femmes représentent plus de 40% des athlètes. Ne pouvant pas concourir dans toutes les disciplines, les femmes restent minoritaires jusqu’en 2012 où l’épreuve de la boxe féminine fait son entrée dans le programme. Cette édition des JO est la première où les femmes concourent dans tous les sports.

Les côtes d’écoute des épreuves féminines sont encore à ce jour, en 2022, inférieures à celle des hommes. Pour promouvoir l’innovation et la plus grande diversité des sexes, le Comité international olympique ajoute, depuis les Jeux de Tokyo 2020, des épreuves mixtes dans plusieurs disciplines. On en compte 18 lors de ces Jeux, en athlétisme, badminton, judo, natation, sports équestres, tennis, tennis de table, tir, tir à l’arc, triathlon et voile. Comme l’affirme Kit McConnell, le directeur des sports du CIO : « Il n’y a rien de plus égal qu’un homme et une femme qui concourent en tant qu’équipe sur la même aire de compétition en vue de la même performance sportive ».

Avant 2008, un mouvement de protestation, mené par Reporters sans frontières, tente de convaincre le plus de pays possible de boycotter la cérémonie d’ouverture des JO de Pékin en 2008 pour protester contre le bafouement des droits de l’homme en république populaire de Chine. Ce mouvement de protestation se manifeste particulièrement durant le passage de la flamme olympique autour du monde et notamment à Paris.

En 2022, lors des JO d’hiver de Pékin, les États-Unis, le Canada et le Royaume-Uni ont décidé d’accomplir un boycott diplomatique afin de protester contre la politique de répression des Ouïghours menée par le pays organisateur.

En 2024, les athlètes russes et biélorusses pourront participer aux JO de Paris 2024 sous certaines conditions. Au motif de l’agression russe contre l’ Ukraine, le CIO a accepté la participation de ces athlètes sous bannières neutres et à la condition qu’ils n’aient pas joué de rôle dans l’invasion russe de l’Ukraine.

Drapeau olympique

Conçu en 1913 par Pierre de Coubertin, il fut présenté officiellement au congrès olympique de Paris en juin 1914. Il expliquait lui-même en 1931 : « Le drapeau olympique, on le sait, est tout blanc avec, au centre, cinq anneaux enlacés : bleu, jaune, noir, vert, rouge ; l’anneau bleu en haut et à gauche à côté de la hampe. Ainsi dessiné, il est symbolique ; il représente les cinq parties du monde unies par l’Olympisme et ses cinq couleurs d’autre part reproduisent celles de tous les drapeaux nationaux qui flottent à travers l’univers de nos jours. »

Mais c’est seulement en 1920 aux Jeux d’Anvers qu’on le vit flotter pour la première fois.

Que dire aujourd’hui du mercantilisme des JO quand on découvre avec stupeur le paganisme affiché des municipalités françaises qui, avec l’argent public, offrent le spectacle grotesque des porteurs de flamme ?Des mairies responsables ont sauvé l’honneur en refusant ce spectacle dégradant.

Demain, des milliers d’athlètes de centaines de pays du monde entier se disputeront l’or, l’argent ou le bronze dans les épreuves d’été et d’hiver. Les JO modernes ont pour but de rassembler des personnes de différentes parties du monde et d’encourager la compétition amicale et la paix entre les nations. Place aux Jeux ! 

Gérard Cardonne

Reporter Sans Frontières

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