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Droite année zéro

10 ans ont passé et…rien! Il y a dix ans, on s’interrogeait sur l’état de délabrement de la droite après les élections européennes, celles de 2014. Une droite qui, pourtant, avait réalisé un score qui la ferait baver aujourd’hui.

Le RN mené par Marine Le Pen était déjà arrivé en tête avec 24,86% des voix, l’UMP menée par Jean-François Copé arrivait deuxième avec 20,81 % des voix.

Il n’est donc point besoin d’être grand clerc pour voir que l’électorat ne fluctue pas tant que cela, puisque les scores cumulés donnaient à peu près 46 % pour les Droites, sauf que l’incompétence et l’aveuglement des dirigeants qui se sont succédé depuis 2014, ont installé un vase communiquant entre la Droite classique et le RN et Reconquête qui n’ont eu qu’à laisser la porte entr’ouverte pour laisser entrer les déçus de l’UMP/LR.

Dans un mouvement qui n’a rien eu de gaulliste, le Chiraco-sarkozysme a laissé ronger sa colonne vertébrale idéologique conservatrice – qui n’exclut pas pour autant le progrès – au prétexte que la fidélité à une idéologie était contre productive, car ne servant à rien pour conquérir le pouvoir et étant trop encombrante une fois celui-ci conquis. Chirac ne disait-il pas : « D’abord on prend le pouvoir, après on gouverne ? », ce qui laisse peu de place aux convictions.

Depuis les années Mitterrand, la Droite n’a eu de cesse de donner des gages à la Gauche, persuadée qu’en agissant de la sorte elle serait « moderne », transformant ainsi sa ligne politique en un épais brouillard qu’aucun phare ne parvient plus à dissiper. Depuis quarante ans, la droite navigue à la godille en menant sa barque un coup vers le zig, un coup vers le zag. Cette fois, elle part dans les deux directions à la fois, scindée en deux entre RN et LREM.

Il est honorable de défendre son indépendance d’esprit en refusant de s’allier à un parti combattu jusqu’ici avec plus ou moins de sincérité, mais il conviendrait, quand on se drape dans sa vertu républicaine, de ne pas omettre d’évoquer la dangerosité pour la démocratie et les libertés que représente le Nouveau Front Populaire, au risque de sombrer dans une complicité passive.

Quand la Droite se pince le nez en disant non à une alliance électorale avec le RN, elle n’est pas plus convaincante que quand elle se dit indépendante : elle est condamnée au non-choix, puisqu’il s’agit pour elle de renoncer à une soumission pour en accepter une autre. Elle est éparpillée façon puzzle entre la Droite radicale et le fourre-tout du « en même temps » Macronien. Dans tous les cas, LR fera ce qu’on lui demande, c’est tout. Quel que soit le résultat de ces législatives, la Droite conservatrice a perdu. Année zéro.

On le sait bien, si une partie des LR rejoint le RN et l’autre LREM, ce n’est pas par conviction mais par défaut, parce que LR n’a pas été capable de produire la moindre idée fédératrice. Le Parti conservateur a consacré son peu d’énergie à conserver la seule chose qui l’intéresse vraiment : son confort douillet de rentier qu’il croyait pérenne grâce à des « petits accommodements » avec les uns et les autres, le grand écart idéologique étant devenu la condition pour assurer sa réélection. Les fameux « ténors » se sont émus du fait que les jeunes LR approuvaient dans leur grande majorité le choix d’Eric Ciotti. Mais qui a-t-on vu et entendu dans les médias ? Les « vieux », les caciques gras, vermoulus et myopes (Larcher, Copé, Estrosi, Bertrand, Pécresse et consorts…) dont la mémoire est aussi courte que leur vision de l’avenir.

Le président Macron, enfant terriblement gâté, fruit des amours incestueuses d’une classe politique consanguine, vient de faire un gros caprice et de casser son jouet : le Système, qu’il vient de balancer à la tête de ses parents. C’est donc aux parents qu’il revient de recoller les morceaux et de se couper les doigts.

Faites chauffer la colle !

OT

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