« C’est pour regarder nounours à la télé, à travers la fumée ».
On ne compte plus les méfaits quotidiens, toujours plus nombreux, de plus en plus sordides, commis par des délinquants de plus en plus jeunes. La violence exponentielle de ces actes jalonne désormais nos existences sans que, manifestement, le moindre signe d’amélioration apparaisse.
Tout le monde s’accorde sur le constat, souvent sur la cause, parfois même sur la solution. Tout le monde ou presque …
Ces derniers temps, les porte-voix du Syndicat De la Magistrature (SDM), se sont multipliés dans les médias pour alerter le bon peuple sur les dangers de la peste brune qui aurait atteint le Gouvernement de la France depuis que celui-ci a décidé, timidement, de s’attaquer à la violence des jeunes, non seulement en durcissant la répression contre les délinquants mineurs mais aussi en essayant de responsabiliser les parents. Ce sont là, aux yeux des gardiens du Temple libertaire, deux fautes majeures, annonciatrices de probables heures sombres pour notre Histoire.
Qu’il y ait des rétifs à l’ordre et à l’autorité, d’authentiques rebelles, des écorchés qui ne voient le salut que dans le chaos passe encore, puisqu’il faut de tout pour faire un monde, mais que ceux qui sont chargés de sanctionner la violation de la loi se trouvent dans le cortège de ceux qui l’enfreignent, laisse songeur.
Il ressort des faits que le comportement des « jeunes » est alimenté par le sentiment, plus exactement la certitude, de ne pas être puni. Pour autant, le SDM n’y voit rien de bien extraordinaire et encore moins d’inquiétant.
Pour Sarah Pibarot, secrétaire nationale du SDM, « le discours laisse entendre qu’il y aurait une forme d’impunité, pas de réaction assez rapide quand il y a des actes graves, alors qu’il n’y a aucun chiffre qui ne vient étayer ça ». Pour elle, au contraire, « quand on étudie les chiffres du ministère de la Justice, la justice est plutôt de plus en plus répressive ». La peine d’emprisonnement est « la plus souvent prononcée« et « les peines s’allongent« . Les approximations de madame Pibarot se retrouvent aussi dans sa syntaxe, ce qui fait que notre peine s’allonge aussi.
Celle-ci rappelle enfin que « les enfants (…) ne mesurent pas les conséquences de leurs actes de la même manière que des adultes », et que, de fait, « une justice adaptée est nécessaire ».
Donc, si l’on comprend bien madame Pibarot, le jeune de 17 ans qui conduit un véhicule (rarement une Twingo), forcément sans permis, parfois volé, souvent sans assurance et qui refuse d’obtempérer, est un enfant qui ne comprend pas bien ce qu’il fait. On sait enfin pour quelle raison les petits garnements se réunissent tous les soirs dans les cages d’escaliers : c’est pour regarder nounours à la télé, à travers la fumée.
Pour cette dame, “les révoltes urbaines”, c’est d’abord l’expression d’une jeunesse qui n’a pas été écoutée (par le Gouvernement), alors qu’elle manifeste notamment pour se plaindre des violences policières qui ont eu lieu…au moment des émeutes et des déprédations. Autrement dit, les « jeunes » émeutiers se plaignent à l’avance de la réaction des forces de l’ordre qu’elles suscitent en manifestant.
Si l’on évacue la mauvaise foi, on est en droit de se demander de quelle pathologie peuvent bien souffrir les magistrats du SDM pour ne pas voir les faits tels qu’ils sont. Serait-ce surdité ? Cécité ? Constipation chronique ?
Non, rien de tout cela : les magistrats du SDM vivent dans la quatrième dimension, c’est évident maintenant. La quatrième dimension, cet espace-temps où tout est relatif y compris le temps lui-même.
Tout existe là où rien n’existe, tout dépend de la façon de regarder ou d’imaginer. Prenons l’exemple du train, qu’Einstein utilisait pour expliquer la théorie de la relativité (pardon pour les scientifiques qui nous lisent). Ce train file à une certaine vitesse ; à quelle vitesse file le passager qui se déplace à pied dans le train? Se déplace-t-il à la vitesse du train ou à celle d’un piéton?
Dans notre univers, la société se déplace à la vitesse du train, mais le syndicat de la magistrature, lui, ne voit que le piéton qui marche à son rythme dans le train. Le SDM ne voit même pas le train.
Le SDM évolue dans cet univers parallèle dans lequel la réalité n’est pas vraiment réelle, mais cela n’a pas d’importance puisqu’il a sa réalité propre. Dans ce monde, seule la police tue, aucun mineur n’est délinquant puisqu’il n’y a que des enfants qui sont, d’abord et surtout, des victimes d’une société façonnée par des vampires réactionnaires, où seul l’homme blanc est coupable de tout, ce qui est plutôt pratique.
La punition n’a aucun sens, puisque les enfants, même les plus poilus, ne peuvent pas la comprendre, encore moins avec le casque sur les oreilles.
Retenons surtout que si ce monde n’existait pas, le syndicat de la magistrature n’aurait plus rien à mettre sur « son mur des cons ».
O.T.