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« La prière sauve le Monde ! »

Pierre Lunel est l’un des plus grands biographes contemporains. Il sera à Strasbourg à ACTEM YOGA le samedi 24 septembre à 17 heures pour une conférence exceptionnelle sur les maîtres spirituels qu’il a rencontré durant sa carrière et notamment sur la guide spirituelle indienne Amma. 

Historien, universitaire, ancien patron de la fiction à France 3, ancien conseiller d’Edgar Faure, Alain Decaux, Gilles de Robien, Bernard Kouchner, Pierre Lunel a écrit près d’une quarantaine d’ouvrages historiques ( Les Vies Secrètes de JFK, Les Magiciens Fous de Hitler, Les Plus Grands Escrocs de l’Histoire…) 

Mais c’est surtout pour sa série de rencontres avec « les êtres de lumières » qu’il s’est fait une réputation mondiale : le Pape François, Sœur Emmanuelle, le Père Pedro, l’Abbé Pierre… Son travail est une vraie quête spirituelle.

Pierre Lunel est un homme cartésien qui a croqué la vie par les deux bouts. Il se dit « sauvé” par toutes ces rencontres et ces partages. Le Mystère, l’inexplicable et l’indicible sont au cœur de son œuvre. 

Churchill pour Le Torchis : Pierre Lunel, vous êtes le biographe des grandes spiritualités contemporaines : l’Abbé Pierre, Sœur Emmanuelle, le Pape François, le Père Pedro Opeka, Amma… Vous les avez rencontrés, vous avez partagé leurs quotidiens. Parfois vous avez noué de solides amitiés avec eux. Quelle est la personnalité qui vous a le plus impressionné ? 

Pierre Lunel : Oh, je ne peux pas. Franchement. Je suis incapable de répondre à cela, pourquoi ? J’ai beaucoup de mal à faire des différences. Tous d’une certaine manière, bien particulière à chacun, m’ont impressionné. Ils ont été pour moi des petits cailloux blancs sur mon propre chemin spirituel. Tous ! A des moments différents de ma vie. C’est pour cette raison qu’il m’est impossible de dire lequel m’a le plus impressionné. 

Si j’avais été un journaliste qui rencontre la même année le Père Pedro, Amma, l’Abbé Pierre, le Pape, je pourrais peut-être faire un comparatif. Mais là, il s’agit du travail d’une vie, de rencontres que j’ai effectué sur près de 35 ans de carrière. 

Le Torchis : Qu’est-ce qui a motivé ces rencontres et l’écriture des biographies de « ces Êtres suprêmes » dans une carrière d’historien déjà bien aboutie puisqu’on compte une quarantaine de publications à votre actif ?

Pierre Lunel : Je crois que c’est le hasard. Je n’avais pas véritablement de vocations ou d’appels irrésistibles qui me faisaient aller vers ces gens. Sans doute, j’étais en attente, en demande d’accueillir ces personnalités. Oui, j’étais prêt à accueillir leurs paroles et à écouter parce que ma propre vie ne m’apportait pas ni la sérénité, ni l’amplitude que j’en attendais. Elle ne répondait surtout pas à des questions métaphysiques qui me hantaient depuis l’âge de 20 ans. Ce sont les grandes questions toutes simples qu’on se pose : à quoi sert ma vie ? Qu’est-ce que je fais sur Terre ? Qu’est-ce que je vais laisser ? 

Le Torchis : Pourquoi se poser ce genre de questions lorsque tout vous réussit ? Vous avez une carrière prestigieuse : agrégée d’histoire du droit, conseiller de plusieurs ministres, délégué interministériel, professeur et président d’universités, chevalier de la légion d’honneur… 

Pierre Lunel : Oui, bien sûr. J’ai fait plein de trucs. C’est très bien, c’est parfait. Et puis après ? Alors bien sûr je ne renie rien de mon parcours. Je l’ai fait le mieux possible et avec plaisir, mais honnêtement cela ne répondait pas aux questions fondamentales qui étaient au cœur de mes préoccupations intimes.

Quand tu es en attente. Quand tu es dans l’espérance d’autre chose sans arriver à définir ce que c’est d’ailleurs. Et bien tu es disponible. Et lorsque tu es disponible, cela crée une sorte d’appel. Un appel d’air pourrait-on dire.

Donc toutes ces rencontres se sont toujours faites extrêmement facilement, comme une évidence. Cela n’a jamais été le fruit d’une réelle volonté. Cela n’a jamais été par exemple une commande. Aucun éditeur n’est venu vers moi pour me dire : « Ah il faut absolument que tu m’écrives la biographie de l’Abbé Pierre ou d’Amma ». Personne n’a jamais fait cela ! 

Le Torchis : Mais alors pour Amma, comment fait-on lorsqu’on est un occidental pour rencontrer une personne considérée comme Sainte en Inde alors qu’elle ne parle ni le français, ni l’anglais. Un mahatma de culture hindouiste qui refuse lors de ses célébrations que l’on prenne des photos (sauf à de rares exceptions), qui avant vous ne s’était jamais autant livrée notamment sur son enfance ? Comment est-il possible de raconter son histoire aussi intimement, de nouer une relation avec elle, sans le désirer vraiment ? Je précise que votre livre est tellement poignant qu’il a obtenu le Prix Spiritualité 2020. 

Pierre Lunel : Depuis l’âge de 18-20 ans, je suis épris de spiritualités indiennes parce que j’avais lu les nombreux textes de la collection de Jean Herbert « spiritualités vivantes ». La série littéraire de cet orientaliste m’avait beaucoup frappée. Donc, je ne peux le nier, depuis je faisais partie de ces occidentaux qui ressentent un appel de cette plurimillénaire spiritualité indienne. Après, le reste, ce sont des hasards.

Un jour j’ai rencontré quelqu’un qui connaissait bien le milieu d’Amma. Il m’a dit : « si cela t’intéresse je vais voir si c’est possible ? ».  Voilà comment cela s’est fait : le plus simplement du monde. Après pour le coup, je me suis laissé prendre par le jeu. Un jeu qui n’est absolument pas au sens ludique du terme. Par le jeu au sens du plaisir. Je me suis laissé « avoir ». 

Mais clairement on ne peut pas être indifférent. Amma est un être exceptionnel et différent. A moins d’être complètement insensible et fermé à l’âme. Il est impensable d’être indifférent en approchant d’Amma comme de l’Abbé Pierre ou du pape François. Vous ressentez tout de suite quelque chose de fort qui vous touche.

C’est tellement vrai qu’Amma celle qu’on attendait, je l’ai écrit d’une seule traite. J’étais tellement pris et épris que franchement ce livre est venu avec une nature et une spontanéité incroyable.

Le Torchis : La vie d’Amma à bien des égards ressemble à la vie de Jésus. On pourrait croire à des similitudes… Est-ce volontaire ?

Pierre Lunel : Oui sans doute mais ce n’est pas volontaire. C’est sans doute inconscient de ma part. Je suis profondément chrétien et croyant. J’ai grandi baigné par les Évangiles et par Jérusalem. La spiritualité chrétienne a bercé ma famille et mon enfance. Tout naturellement cela m’est facile de faire des ponts. Mais je ne suis pas le premier. 

De très nombreux chrétiens avant moi, passionnés d’Inde, tout en ne reniant pas leur religion, sont devenus de grands spiritualistes indiens. Je pense au Père Pierre Ceyrac, à Mère Térésa, ou à d’autres. Arnaud Desjardins était profondément chrétien avant sa rencontre avec le maître spirituel Swami Prajnanpad. Tout cela est lié.

Je ne suis pas étonné non plus lorsque j’ai appris qu’Amma allant à Assise a pleuré en la basilique de Saint-François découvrant la voûte détruite par le tremblement de terre de 1997. C’est normal qu’elle ressente ce genre de choses étant ce qu’elle est. De la même manière lorsqu’elle engageait des discussions avec le prêtre de l’église de Valicavo. La spiritualité n’est pas exclusive, elle est fraternelle.

Amma est née en Inde, elle est de culture hindouiste. Jésus est né à Bethléem, il est de culture juive. Ils fondent tous les deux une même aspiration : la survivance de l’âme au-delà de nos vies corporelles. Bien au-delà de nos pulsions et de nos égos.  

Le Torchis : Naît-on saint ? La vie d’Amma est semée d’embûches : détestée par une partie de sa famille qui ne comprend pas ses réactions d’enfant ; haïe par ses frères qui veulent la marier de force, qui vont jusqu’à l’empoisonner pour qu’elle meure. Cette petite fille d’une famille de pêcheurs va tout de même réussir à rassembler autour d’elle des dévots du monde entier autour de l’Amour. « Ma religion c’est l’Amour » dit-elle. Elle aurait serré dans ses bras près de 50 millions de personnes.

Pierre Lunel : Ce sont des gens sur lesquels tombe une Grâce. Une Grâce cela participe du Mystère, de l’absolu et de l’alchimie. On essaye aujourd’hui, bien modestement, avec la science ou les mathématiques quantiques de déterminer certains points de leur capacité mais nous sommes tellement petits pour comprendre tout cela. 

Oui, ce sont des Grâces qui tombent sur ces êtres là. Je dis toujours que sans ces « êtres de lumière » de grandes dimensions, la Terre serait très mal aujourd’hui. Ils sont peu d’élus face aux sept milliards d’individus. Mais ils développent une force incroyable.

Le Torchis : Vous parlez de la puissance de la prière ?

Pierre Lunel : Je viens d’écrire un livre sur la prière. Il n’est pas encore paru. La prière sauve le monde ! Totalement. 

Je vais vous raconter une anecdote avec l’Abbé Pierre. J’avais fait une remarque imbécile. On est bête quand on a trente ans. Je lui avais dit : « au moins mon Père, vous, vous avez été un moine agissant pour les autres. Vous avez combattu pour les misérables. Pas comme ces moines qui restent cloitrés dans leurs monastères et qui ne servent à rien ». Il m’avait répondu : « tu n’y comprends rien ! Les prières de ces centaines de milliers de moines qu’ils soient chrétiens, juifs, musulmans, bouddhistes, hindouistes, indiens – tout ce qu’on veut – déclenchent une énergie absolument colossale ».

Et c’est vrai, l’effet de la prière a des effets incroyables. Les étatsuniens mènent actuellement des études. Ils veulent tout comprendre. Ils ont un côté enfant. Sans ce côté enfant, on ne peut pas rentrer en spiritualité. Amma dit tout le temps : « gardez votre âme d’enfant ». D’ailleurs cette âme d’enfant, personne ne la perd. On l’oublie, on la cache mais elle est toujours là.

Donc en effectuant des recherches pour mon livre, j’ai appris que les étatsuniens tentaient de comprendre « les effets de la prière » en médecine. Certains chercheurs s’étonnent de guérisons miraculeuses par exemple. Les résultats sont étonnants. 

Alors effectivement, je pense que la seule présence de ces êtres sur la Terre sauve le Monde. A la fois ceux qui sont morts et ceux qui sont vivants, car ce n’est pas parce qu’ils sont morts qu’ils ne continuent pas d’agir. Ce n’est pas parce que Ramana Maharshi est mort qu’il ne fait plus rien ! 

Le Torchis : Qu’est-ce que vous êtes en train de nous dire là… C’est du délire ?

Pierre Lunel : Mais non, ça continue, ça continue d’agir d’une manière inouïe. En fait, ces âmes continuent de vivre. C’est ce que j’ai appris à leurs contacts.

C’est ce qui me rend confiant sur l’humanité et le futur. Je croise, comme tout le monde, pleins de déprimés autour de nous. Il n’y a pas de quoi se réjouir de la vie : la guerre en Ukraine, l’augmentation des prix de l’énergie, la pauvreté et toutes ces autres considérations de nos quotidiens. 

Pourtant ce qui me rend positif, c’est que je sais qu’il y a une force spirituelle sur cette Terre qui est colossale. Ce sont des scientifiques du monde entier qui le disent aussi ! Ce n’est pas le pauvre Pierre Lunel dans son coin. La plus grande des énergies ce n’est pas l’énergie atomique, c’est l’amour. Elle est indestructible et au cœur de nos vies.

Le Torchis : Qu’est-ce que vous gardez de votre expérience avec Amma ?

Pierre Lunel : Je ne garde rien, je le vis. Je le vis tellement que j’ai écrit un deuxième livre sur Amma. Il n’est pas encore publié car nous attendons évidemment son retour en Europe et en France pour le faire. 

Bien sûr je pourrais garder aussi des souvenirs ou des émotions passées, mais la vérité c’est que je vis Amma au présent, en permanence. Ce sentiment est vivant. Cela ne m’empêche pas d’avoir de la peine de ne pas la voir. Mais je peux vous assurer que même ici à Barcelone où je travaille, elle est constamment avec moi. Je la sens près de moi. 

Churchill

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