Il y a parfois des semaines où un pays se regarde dans la glace et ne voit plus qu’un contour flou, une République qui n’a plus assez d’os pour tenir debout. Cette semaine en est l’illustration parfaite. Une succession d’affaires qui, mises bout à bout, dessinent l’image d’une France devenue experte dans la contorsion, la génuflexion, l’excuse, le recul et l’abdication. Une France qui parle haut, qui proclame, mais qui jamais n’assume. Et, au milieu du tableau, un président qui a une grande gueule mais qui manque décidément de tout le reste et qui entraîne la France dans le déshonneur.
L’affaire Sarkozy ou le Gouvernement des juges
On croyait avoir tout vu. Mais non : la justice française a encore trouvé moyen d’offrir un épisode supplémentaire dans l’interminable télénovela politico-judiciaire dont elle seule a le secret.
Sarkozy libéré, Sarkozy réinculpé, Sarkozy acquitté, Sarkozy redouté… Plus d’une décennie d’un feuilleton sans fin, où les magistrats jouent à la fois les scénaristes, les acteurs et les bonimenteurs. Ce n’est plus un État de droit, c’est un théâtre permanent. Et à la fin, personne ne comprend plus rien : ni les Français, ni même les juristes, qui avouent en privé que la machine fonctionne comme une vieille horloge suisse dont chaque ressort tire dans une direction différente.
La France ne gouverne plus la justice, elle subit un “gouvernement des juges” qui, par sa propre omniprésence, a fini par affaiblir précisément ce qu’il prétend protéger : la confiance du peuple.
Et dans ce vide politique, tous baissent les bras : l’exécutif se tait, l’Assemblée s’efface, le citoyen se lasse, et la démocratie tremble sous sa charpente.
L’affaire Boualem Sansal : l’Allemagne agit, la France récupère
Boualem Sansal, un écrivain français, pris comme otage en Algérie pendant plus d’un an, est libéré par une Allemagne qui se mobilise.
Berlin ne s’embarrasse pas : un rappel sec à Tebboune, la menace de lui couper l’accès aux seringues allemandes, et le message est passé. C’est ainsi qu’on parle aux régimes autoritaires, sans trembler.
La France arrive après la bataille, carnet à la main, pour signer la victoire des autres.
Macron, les yeux brillants d’autosatisfaction, explique doctement que la libération de Sansal serait « le fruit de ses efforts ». Non, Monsieur, c’est le fruit des efforts de Berlin. C’est l’Allemagne qui a fait le travail diplomatique.
C’est l’Allemagne qui a mené les tractations.
C’est l’Allemagne qui a sauvé l’honneur de l’Europe. La France s’est contentée de tendre la main pour voler le trophée.
Le déshonneur dans la France de Macron n’est pas un concept abstrait. C’est un comportement répété qui consiste à tchatcher, à s’emparer plutôt que mériter, et surtout à s’éclipser face à la difficulté et à la responsabilité.
L’affaire Cécile Koehler : le troc indigne
Et comme si ça ne suffisait pas, un autre dossier diplomatique vient compléter la fresque : celui de Cécile Koehler et de son compagnon, Jacques Paris, arrêtés ensemble en mai 2022 en Iran, accusés d’espionnage pour le Mossad, et enfin « libérés » par un troc ahurissant : une influenceuse iranienne, Mahdieh Esfandiari, arrêtée en France pour des posts pro-palestiniens, a servi de monnaie d’échange.
Sa libération sous contrôle judiciaire a permis à l’Iran de relâcher les deux otages français.
L’influenceuse est protégée, confinée dans l’ambassade iranienne à Paris en attendant un procès que tout le monde sait déjà vidé de sa substance.
Les deux otages français, sont parqués dans l’ambassade de France à Téhéran, sans plus de garanties, en attendant un jugement qui n’aura de « judiciaire » que le nom.
L’échange a tout de la scène d’une République ayant perdu sa boussole et, ironie du sort, l’Élysée en vient à espérer que l’Allemagne intervienne encore une fois pour débloquer le dossier car les otages français ne sont pas près de quitter l’Iran.
Le scandale du Philharmonique d’Israël
Puis un soir, Paris accueille l’Orchestre philharmonique d’Israël. Un événement culturel qui aurait dû être un moment de beauté pure, d’art élevé, de musique qui transcende les fractures.
Mais nous sommes en France.
Et en France, chaque apparition israélienne devient prétexte à cris, menaces, manifestations, intimidations, actes de lâcheté collective.
Ce qui aurait dû être une fête culturelle est devenu un champ de bataille politique, où l’État s’est retrouvé incapable de garantir la sérénité d’un concert et la sécurité des spectateurs. Des voyous hurlaient dehors, des fauteurs de haine munis de bombes fumigènes tentaient de mettre le feu dans la salle.
Une démocratie sûre d’elle aurait protégé l’événement.
Une démocratie fragile se contente d’espérer que tout se passe bien.
Et Macron à Belém fait le tour de la forêt tropicale en selfie diplomatique
Pendant que la justice fait ses pirouettes, que l’Algérie et l’Iran humilient Macron, que l’Allemagne sauve nos otages, et que des terroristes veulent faire taire un orchestre, où est le chef de l’État ?
À Belém, au Brésil, d’un cocktail à l’autre de la COP 30. Il avance en Moonwalk, en chemise et basket blanches au milieu des arbres tropicaux, des lianes, des piranhas et des moustiques, à promettre des milliards pour sauver l’Amazonie et à lancer des phrases lyriques sur l’avenir de la planète.
La France s’effrite, mais Macron flotte au-dessus du pays comme un drone survolant un incendie.
La France de Macron, une France qui s’excuse d’être la France.
Cette semaine n’est pas un accident.
C’ est un symptôme. Elle raconte le quotidien de la France sous Macron. Elle se laisse gouverner par sa justice, se fait devancer par l’Allemagne, se fait manipuler par l’Iran, se laisse intimider par des terroristes, et dont le chef se rêve en climatologue mondial pendant que la maison brûle.
La France en déshonneur permanent.
Un pays ne meurt pas d’un coup.
Il décline par petites lâchetés successives.
La France est en train d’écrire le roman de ce déclin.
Et personne, pour l’instant, ne tient la plume pour l’en empêcher.
Silvia Oussadon Chamszadeh