Vers une grande crise financière d’ampleur ?

L’événement le plus marquant de la grande crise financière de 2008 a été la faillite de Lehman Brothers. Elle correspondait à la plus grave crise depuis le krach de 1929 et de la Grande Dépression des années 30. La Réserve Fédérale a inondé le marché de liquidités afin d’éviter un effondrement du système économique. L’accoutumance à la planche à billets et au Quantitative Easing a permis à l’ensemble des actifs de croître afin de créer un effet richesse.

Les banquiers centraux, les gouvernements du monde entier et les opérateurs de marchés ont goûté aux joies des hausses permanentes des actifs. La planche à billets a duré trop longtemps par rapport aux fondamentaux économiques. Des bulles se sont constituées sur les différentes classes d’actifs.

Dans le même temps, les dettes publiques ont explosé dans la plupart des pays.

Tous les actifs suivants sont à leur plus haut historique : actions, or, immobilier, dettes souveraines….

Un dégonflement des bulles risque de provoquer une crise financière d’une ampleur proche de celle de 1929 ; tant le niveau de la bulle atteint la stratosphère.

Des modèles macroéconomiques indiquent une économie américaine en fin cycle avec un ensemble d’indicateurs avancés tels que les permis de construire, les nouvelles commandes etc… qui signalent une récession imminente.

La Réserve Fédérale pense que l’économie va bien, elle se focalise sur le faible niveau du chômage. Or la confiance des consommateurs chute vers des niveaux qui sont proches de ceux d’une récession. N’oublions pas que la consommation représente près de 70% du PIB. 

Lorsque le moral des ménages est en berne (ces derniers font face à des prix élevés, à des taux d’intérêts en hausse, à un endettement important et à une épargne en baisse), il est logique qu’ils dépensent moins et que l’économie se retrouve en ralentissement. 

L’endettement explose : les impayés sur les cartes de crédit, les prêts automobiles et les prêts hypothécaires sont en forte hausse, indiquant que le consommateur est à court d’argent. La Fed a persisté trop longtemps à vouloir maintenir sa politique monétaire restrictive alors que l’inflation est en baisse.

La Fed va agir avec retard en baissant les taux cet automne ; trop tardivement selon une partie des opérateurs de marché.

La hausse des taux d’intérêts à négativement impacté le marché immobilier. L’immobilier est le secteur le plus sensible aux variations de taux d’intérêts. Comme le dit l’adage, quand l’immobilier va, tout va.

Or, les indicateurs immobiliers s’effondrent : l’indice NAHB des constructeurs a chuté à 32 en juin 2025 (vs 80 en 2021). Les ventes et mises en chantiers baissent.

Le marché immobilier nous indique que l’économie se retourne.

Les valorisations boursières sont stratosphériques.

Le marché actions est en bulle historique, alimentée par les injections massives de liquidités et non par une économie en surchauffe. La capitalisation boursière totale des USA est à 208 % du PIB (célèbre ratio suivi par Warren Buffett), des ratios P/E (cours/bénéfice) du S&P 500 autour de 30, niveau atteint lors des crises de 1929 et 2000. Warren Buffet disait que lorsque le ratio de capitalisation boursière dépassait 140%, c’était jouer avec le feu

Des graphiques du S&P 500 illustrent cette surévaluation, présageant un krach : Le ratio Price-to-Sales du S&P 500 atteint 3,3×, un niveau supérieur à celui de la bulle internet en 2000 — cela signifie que les actions se paient plus de trois fois le chiffre d’affaires des entreprises, un signe clair de surévaluation.

L’once d’Or est sur ses plus hauts historiques à 3650$. Les avoirs en Or des Banques centrales dépassent ceux en bons du Trésor américain, une première depuis 1996.

Les opérateurs sont méfiants face aux risques de destruction de valeur des monnaies et de l’inflation future, outil non avoué pour réduire le ratio dette publique / PIB .

Personne ne sait quand le krach va se produire, mais évoquer une possibilité à court-moyen terme n’est pas exagéré aux vues des valorisations irrationnelles par rapport aux fondamentaux économiques.

Lorsque la bulle éclatera, si le bon modèle est celui de 1929, alors nous assisterons à des chutes massives des prix des actifs. Ce krach déflationniste, avec la baisse des prix des actifs, risque d’être massif et mondial. Les Banques centrales devront y faire face, et comme d’habitude, afin de lutter contre la déflation, elles baisseront massivement les taux d’intérêts et injecteront massivement des liquidités. 

Or, face à ce krach d’ampleur d’un niveau proche de celui de 1929 ou 2000, la taille énorme de la planche à billets engendrera une inflation massive. Cette inflation massive fragilisera toute reprise économique.

Le monde sera confronté à une stagflation (inflation et faible croissance économique) comme l’ont connu les acteurs de marché au cours des années 70.

N’oublions pas que le monde occidental est déjà confronté à un endettement massif avec des pays comme les Etats-Unis, la France, l’Italie, l’Espagne notamment qui ont des ratios de Dette publique/ PIB au-delà de 100%. Les marges de manœuvre sont réduites.

Le modèle de l’État providence n’est pas soutenable face aux niveaux de déficits et de dettes. Le contexte géopolitique et la volonté des États d’augmenter massivement leurs dépenses militaires se heurte aux contraintes budgétaires.

Assisterons-nous à l’abandon de l’état providence et de son modèle social généreux ? Ou bien est-ce la fin des illusions de réarmement ?

La France a eu plusieurs opportunités pour être le bon élève de l’Europe avec une gestion rigoureuse de son budget depuis 1981, mais la fuite en avant de la majorité de la classe politique (sous la pression des électeurs) a dilapidé toute possibilité de redressement des finances publiques et ce en douceur. Difficile quand l’état est le plus grand employeur, près d’1 emploi sur 5 en France est un emploi public.

A moins qu’un homme politique n’obtienne un mandat clair du peuple pour redresser le pays avec des finances publiques saines.

Il est à craindre que seul le krach qui vient permettra de faire ce redressement mais il ne sera pas choisi et les mesures risquent de déplaire si l’on se souvient des exemples grecs ou ibériques.

Donald Duck

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