« Ceux qui interdisaient d’interdire sont ceux qui ne cessent d’interdire », écrivait Philippe Muray. Ceux qui brandissaient jadis le slogan libertaire de Mai 68 « Il est interdit d’interdire » sont devenus les commissaires politiques de la pensée contemporaine.

En 1968, ils lançaient des pavés contre l’autorité. En 2025, ils lancent des interdictions contre quiconque ose contester leur panégyrique permanent. Autrefois, ils rêvaient d’un monde sans tabous ; aujourd’hui, ils en ont dressé des dizaines. On ne peut plus parler de l’immigration sans être taxé de racisme, évoquer l’insécurité sans être accusé de fascisme, défendre Israël sans être soupçonné de crime contre l’humanité.

Le paradoxe est total : les héritiers de la « libération » sont les architectes de la censure. Ils contrôlent les universités, les médias, les institutions culturelles. Ils veillent, ils traquent, ils excommunient. Le tribunal médiatique a remplacé le débat. Le bannissement social vaut désormais condamnation judiciaire.

Partout, la chasse aux sorcières s’organise. Ici, on déboulonne une statue au nom de la pureté idéologique ; là, on annule une conférence parce que l’orateur n’entre pas dans la ligne. Le « progressisme » n’a plus rien à envier à l’intégrisme : il réécrit l’histoire, invente des crimes imaginaires, impose sa liturgie obligatoire.

Philippe Muray parlait de l’ « Empire du Bien » : nous y sommes. Un empire doux en façade, mais d’une férocité implacable pour qui s’écarte du dogme. Aucune hérésie n’est tolérée. Les nouveaux clercs du progressisme interdisent, bannissent, punissent. Ils appellent cela “protéger », « sensibiliser », « éduquer ». Mais en réalité, ils font taire tous ceux qui osent parler, dénoncer, ou simplement penser en dehors de leurs dogmes.

Voilà le vrai legs de Mai 68 : la liberté confisquée par ceux qui prétendaient la libérer. Hier libertaires, aujourd’hui censeurs, ils ont simplement changé d’uniforme. Ce sont les mêmes, mais en pire, car ils sont convaincus de leur vertu.

Nous n’avons plus à faire à des rebelles, mais à des inquisiteurs. Et leur empire n’est pas celui de la liberté, mais celui de l’interdiction permanente.

Les héritiers de Mai 68, hier libertaires, sont aujourd’hui les nouveaux inquisiteurs. Ils ont pris le pouvoir sur les universités, les médias, les réseaux sociaux, et bientôt sur nos consciences. Ils n’ont pas libéré le monde : ils l’ont mis sous tutelle.

On ne parle plus, on ne débat plus, on ne contredit plus. On interdit. On radie. On efface. Un mot, un doute, un rire déplacé suffisent pour être jeté au bûcher numérique. La Sorbonne annule ses conférences, les humoristes sont déprogrammés, les professeurs mis à l’index, les journalistes crucifiés.

Charlie Kirk, lui, a été tué. Assassiné  pour une parole. Son sang est la preuve ultime de ce que devient le monde quand la liberté est confisquée : un champ clos où l’on se tait ou bien  où l’on meurt.

Hier l’Inquisition brûlait les hérétiques au nom de Dieu. La Terreur guillotinait au nom de la Vertu. L’URSS déportait au nom du Progrès. Aujourd’hui, la gauche internationale bâillonne au nom du Bien. Même fanatisme, même logique, même férocité.

On nous dit : “C’est pour protéger, pour inclure, c’est au nom de la justice”  Mais c’est pour nous soumettre, nous exclure, pour régner.

Non. Non à la peur, non à l’autocensure, non à ce nouvel ordre moral qui ne tolère que l’obéissance. Oui au débat, oui au doute, oui à l’ironie, oui au scandale de la pensée libre.

Car chaque fois qu’un homme est réduit au silence, c’est toute une société qui recule vers la servitude. Chaque fois qu’un Charlie Kirk tombe, c’est la liberté de chacun qui s’effondre avec lui.

Résister est un devoir. Résister en écrivant, en parlant, en riant, en refusant d’entrer dans le cercle des muets. Résister, c’est vivre.

Au nom de la liberté, de l’égalité, de la fraternité, de la laïcité, il faut refuser la dictature de l’Empire du Bien. Refuser les chaînes qu’on tend au peuple au nom de la vertu. Briser le bâillon qu’on veut lui mettre sur les lèvres. Il faut conserver le droit imprescriptible de dire, de contester, de blasphémer, de penser autrement.

Car ce n’est pas seulement une querelle d’idées : c’est le combat pour la dignité d’hommes libres.

Silvia Oussadon Chamszadeh

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