Royal Canine

Marie-Ségolène Royal ne s’interdit rien, jamais. Marie-Ségolène, ça fait trop fille à papa militaire, alors il faut dire Ségolène ou Ségo. Comme elle ne s’interdit rien, Ségo sera candidate à la primaire à gauche, en vue des présidentielles de 2027. On ne prend pas beaucoup de risques en pariant qu’elle sera candidate, primaire ou pas et, si d’aventure elle n’était pas choisie par ces ingrats de gauche, il est d’ores et déjà acquis qu’elle sera candidate en 2032, puis 2037 et au-delà !

A dire vrai, c’est le contraire qui eût été étonnant. Ségolène Royal représente à la perfection une génération qui s’est toujours interdit de s’interdire quoi que ce soit, surtout s’il est question de son petit confort.

On pourrait saluer la « bravitude » de celle qui s’était fait limer les canines, à l’instar de son idole François Mitterrand, pensant que cela suffisait pour être présidente, mais l’acharnement dont elle fait preuve relève du pathétique le plus méprisable. Il faut reconnaître qu’une telle persévérance pour aller à la soupe politique n’est pas donnée à tout le monde même si, localement, nous avons aussi de beaux spécimens.

Elle aurait formé un beau couple avec Manuel VALLS qui souffre des mêmes symptômes. Leur obsession commune « d’être élu n’importe où et quoi qu’il en coûte » n’a plus rien de raisonnable.S’agissant du second, on peut se dire qu’il a eu raison de s’obstiner, passant outre les quolibets et moqueries sur le chemin de Canossa, puisqu’aujourd’hui, il est ministre d’Etat. On peut reconnaître aussi qu’il ne dit pas que des âneries. 

S’agissant de la première, sa gamelle à la présidentielle et sa mise au rebus par ses camarades simili-socialistes auraient dû la vacciner définitivement. Au lieu de cela, depuis 30 ans, le caméléon royal épouse tout ce que la gauche compte de couleurs jusqu’à prendre celles, bigarrées, de la NUPES.

Ségo ne s’interdit tellement rien qu’en 2007 elle estimait même que DSK ferait un très bon premier ministre (si elle était présidente) ! Les positions de ce dernier lui paraissant sûrement moins gênantes qu’aujourd’hui, où elle a rejoint le troupeau des hypocrites à indignation variable des #MeeToo#.

En 2012, alors présidente de Poitou-Charentes, en ses qualités d’ex-ministre et ex-candidate à la présidentielle, elle s’était comparée à un joueur de sport collectif sur la touche mais prêt « à rentrer sur le terrain », signifiant par là qu’elle souhaitait intégrer le gouvernement Eyraud. La honte lui est totalement étrangère.

Sa passion pour elle-même et un peu pour la politique la mènera jusqu’aux Pôles, où on l’avait envoyée, d’une part, parce qu’il n’y avait rien de plus éloigné et, d’autre part, parce qu’on espérait l’entendre un peu moins, voire plus du tout, des fois qu’elle croiserait un ours polaire affamé et peu regardant. Mais comme le matou de Steve Waring, elle est revenue, avec ses griffes et ses grandes canines. Ségo revient toujours.

On a beau se dire que l’on n’a que les dirigeants que l’on mérite et qu’ils ne seraient que le reflet de ceux qu’ils représentent. On peut aussi se dire que le peuple des votants choisit dans ce qu’on lui propose, qu’il n’a pas vraiment le choix. Quiconque connaît le fonctionnement d’un parti politique sait que deux principes prévalent : « Ôte-toi de là que je m’y mette » et « j’y suis, j’y reste ! ». 

Le monde politique est animal, où le chef n’a qu’une obsession : la détection puis l’élimination du rival. Il y consacre toutes ses forces ; il n’en reste donc plus pour la réflexion constructive. Un programme… pour quoi faire ? De toute manière, rien n’est plus dangereux qu’un programme, parce qu’il contraint à un minimum de rigueur et de stabilité. C’est bon pour coaliser, le temps d’une élection, le troupeau des moutons utiles, mais ce n’est pas utile au chef. Le chef, lui, s’adapte, il épouse, il hume l’air du temps, le sens du vent pour prendre la même direction. Edgar Faure ne disait-il pas que ce n’est pas la girouette qui tourne, mais le vent ? La féminisation de la politique n’a rien changé à tout cela, bien au contraire.

Les mondes politique et médiatique sont l’alpha et l’omega du désastre offert aux jeunes générations auxquelles l’égoïsme de leurs aînés n’a laissé aucune place. Ségolène Royal, François Bayrou, Michel Barnier, Jean-Luc Mélenchon et tous leurs congénères, s’agrippent à leurs sièges, avec une main sur leur déambulateur, pour continuer à faire ce qu’ils ont toujours fait : prendre et ne rien donner, ne rien laisser, ne rien transmettre.

Cette génération qui a voulu faire « table rase du passé » a aussi fait table rase de l’avenir. Ceux qui préféraient « mourir avant d’être vieux » nous font subir leur immaturité de vieillards à cervelle prépubère, pour se persuader eux-mêmes autant que nous-mêmes qu’ils sont indispensables et irremplaçables. Avec Ségolène, ils tiennent leur égérie.

O.T.

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