Et Macron tua le macronisme… 

La question n’est plus de savoir s’il y aura un avenir au macronisme après 2027. Nous avons la réponse : Macron a tranché dans le vif, il a préféré tuer son propre parti. J’aurais même pu utiliser un mot devenu passe-partout depuis le 7 octobre 2023, et nous n’aurions pas eu besoin de « confier aux historiens le soin de qualifier les faits ».

Car il s’agit bien là d’une « élimination concrète intentionnelle, totale ou partielle, d’un groupe et de manière méthodique ».

Le mot est bien sûr, depuis deux ans, galvaudé, utilisé sans raison valable, à tout bout de champ ; il est utilisé en inversant les causes et les conséquences, les victimes et les coupables pour faire passer négationnisme et mensonge. Mais répéter un mensonge 500 fois, 50 000 fois ou 5 milliards de fois n’en fait pour autant une vérité…

Par respect pour les vraies victimes de ce type d’acte, contre les Arméniens, contre les Juifs ou contre les Tutsis au Rwanda, je n’écrirais pas, ici, ce mot… mais chacun comprendra l’idée.

Macron n’a pas tué le macronisme. Il l’a sacrifié. Délibérément. Lucidement. Il en est le fossoyeur…

 Un massacre économique et budgétaire…

Quelle crédibilité peut avoir le macronisme après la déroute budgétaire que la France connaît depuis le premier septennat d’Emmanuel Macron ? des dépenses budgétaires qui dérapent, un déficit abyssal, des services publics en déconfiture, une dette infernale, la confiance des investisseurs qui s’érode jour après jour… et l’épidémie de covid n’en est pas responsable, même s’il est commode de faire endosser les errements budgétaires à un virus… Tous les pays ont été confrontés au même virus et seule la France a vu sa situation économique se dégrader dans ces proportions.

Bien sûr Barnier puis Bayrou ont tenté de colmater les brèches. Barnier, malgré sa parfaite maîtrise de l’art de la négociation, a même vu son mandat écourter car il voulait serrer les boulons. Bayrou pourrait connaître le même sort, avec plus de maladresse et moins de maîtrise que Barnier bien sûr. Bayrou braque les projecteurs sur les malheureux retraités et propose, lui, qu’ils « se serrent la ceinture »…

Après avoir fait voter une loi sur « mourir dans la dignité », pourquoi ne laisse-t-il pas les retraités « vieillir dans la dignité », après tant d’années de cotisation et de travail ? Il envoie sa ministre du Travail au feu avec des éléments de langage peu judicieux, pour s’en démarquer instantanément.

Pourtant elle mérite mieux, elle qui essaie d’améliorer les conditions de travail, d’augmenter le taux d’emploi, de faciliter l’entrée dans le monde du travail des jeunes tout en permettant aux seniors de rester plus longtemps actifs. Elle a même réussi à baisser le budget de son ministère en 2025 de 4mds €, soit 10% de l’effort budgétaire total que cherche son patron. Pourquoi ne pas valoriser ce comportement vertueux, exemplaire plutôt que de cliver en vexant nos retraités?

Barnier et Bayrou ont tenté de réparer les dégâts du laxisme budgétaire du locataire actuel de l’Elysée, avec ses différents premiers ministres, d’Edouard Philippe à Elisabeth Borne, mais après une telle gabegie, cela prendra du temps.

Globalement, sur l’économie comme sur le budget, quel échec pour Macron, inspecteur des Finances pourtant ! Même si le chômage remonte, la croissance est en berne, les faillites se multiplient. Personne ne cherchera à se revendiquer macroniste sur le plan économique et budgétaire !

Un saccage sur la sécurité et la justice…

Après 8 ans au pouvoir, Macron ne peut se targuer du moindre bilan positif sur la sécurité et la justice. La violence touche même les petites villes. Le narcotrafic n’a jamais été aussi florissant, les points de deal se multiplient, le coût pour la société, tant sécuritaire que médical, explose, nos forces de l’ordre, policiers comme gendarmes, nos pompiers, nos médecins, sont pris pour cibles par les réseaux de deal. La société « s’ensauvageonne » dangereusement.

Nos enfants sont attaqués à l’arme blanche, à la machette, à l’extérieur comme à l’intérieur des établissements scolaires. Les actes antisémites se multiplient sans réel effort d’éradiquer ce mal à la source. La fraude sociale est hors de contrôle. L’entrisme des frères musulmans et des réseaux islamistes gangrènent tous nos quartiers. L’égalité entre les hommes et les femmes comme la Laïcité sont attaquées tous les jours, etc…

Là encore, qui pourrait se revendiquer macroniste demain ? et même aujourd’hui…

 Un crime contre la place et le rôle de la France dans le monde

Impopulaire et inaudible sur le plan intérieur, Macron a cherché à se refaire une image sur le plan extérieur en utilisant ses domaines dits réservés, la défense et la diplomatie.

Bien sûr il a crié que nous étions en guerre, depuis 2022, lui qui bloquait le financement d’une simple usine de munitions à Bourges en 2021… Il propose d’envoyer des soldats en Ukraine, se veut le chef de guerre de l’Europe contre Poutine. Quand la vraie guerre viendra, à force d’avoir crié trop tôt, personne ne le croira…

Et sur la diplomatie, quel échec ! Il a réussi l’exploit d’être méprisé par Poutine comme par Trump. C’est d’ailleurs Trump qui le décrit le mieux : Macron, selon Trump, « ne cherche qu’à faire parler de lui, mais ne comprend rien à rien » ; « c’est un bon gars, je l’aime bien, mais ce qu’il dit n’a aucune importance »

Macron a essayé le « en même temps » diplomatique, proposant une large coalition contre les islamistes du hamas le matin, et appelant à un cessez le feu le soir, en octobre 2023. Il était auparavant allé à Beyrouth après l’explosion du port causée par un entrepôt du Hezbollah. On allait voir ce qu’on allait voir : rien…

En juin, sur le dossier palestinien, il disait qu’il était prêt à reconnaître un état palestinien à condition que tous les otages soient libérés, que le hamas soit démilitarisé complètement et exclu de toute forme de gouvernement, que l’autorité palestinienne soit profondément réformée et reconnaisse le droit fondamental d’Israël à vivre en paix…

On peut partager ou non sa position sur ce sujet, surtout pour les gens qui ne connaissent pas l’histoire longue, la fin du mandat britannique sur la Palestine, avec la création de la Jordanie, en transjordanie, et celle d’Israël de l’autre côté du Jourdain, en cisjordanie, le refus des pays arabes d’une solution à deux pays, la création par le KGB et les services du Raïs égyptien Nasser de l’OLP, avant la guerre des Six Jours, et la récupération par Israël de territoires, dont le mur occidental appelé ici mur des Lamentations, l’OLP avec à sa tête Yasser Arafat, né en Egypte, bien avant la création d’Israël. Mais au moins les conditions qu’il posait étaient claires, connues de tous.

Que s’est-il passé depuis ? Les otages ont-ils été libérés ? aucun, pire le jour de son annonce, le hamas rejetait les conditions présentées par l’émissaire américain, le Qatar et l’Egypte. Le hamas a-t-il été démilitarisé ? bien sûr que non, et ses terroristes continuent de tuer. « L’Autorité Palestinienne » a-t-elle été réformée ? NON…

Et que fait Macron ? contrairement à son engagement, il décide de reconnaître un état palestinien lors de la prochaine assemblée de l’ONU, ce « machin » devenu inutile, instrumentalisé aujourd’hui par les anti-occidentaux et les islamistes… incroyable mais vrai…

A part être applaudi par le hamas et félicité par les pays arabes, que gagne Macron ? fait-il avancer la paix, la libération des otages, l’éradication du hamas ? non… Calme-t-il les territoires perdus de la République ? Refinance-t-il mieux notre dette auprès des pétromonarchies ? nous verrons…

Dégagé par le vote des Français de sa politique intérieure, Macron aurait pu au moins passer son temps à obtenir la libération de tous nos otages partout dans le monde. Mais non, il recadre même Bruno Retailleau qui souhaite à juste titre en finir avec la diplomatie des bons sentiments. A quand la libération de Boualem Sansal et de tous nos otages comme des otages israéliens ?

Se prépare-t-il un destin à la Villepin, ou comme d’autres à donner des conférences généreusement rétribuées au Qatar ou en Arabie Saoudite ? Peu importe. Il a, par cet acte, discrédité totalement la parole de la France dans le monde.

Sa pensée part certainement de « bons sentiments » mais il loupe à chaque fois sa cible.

Pire, il donne l’impression de récompenser le terrorisme et la barbarie, de se soumettre aux islamistes et de rompre nos alliances avec les vraies démocraties.

Macron est en pleine déroute intellectuelle. Il a massacré nos équilibres budgétaires, affaibli notre économie, mis à mal notre sécurité, mis en danger nos concitoyens, discrédité notre image internationale. Et le risque est un match LFI / RN aux prochaines élections, s’il continue de nuire aux partis de gouvernement ; la fin de la Vème République… Quel saccage !

Alors comment ne pas être conscient qu’il n’y a déjà plus de macronisme alors que Macron est encore au pouvoir ? Encore aurait-il fallu qu’il y ait eu une pensée forte, théorisée, mais même pas, le macronisme est une pensée floue invertébrée. Il ne peut que courber l’échine devant l’adversité. 

Houellebecq avait écrit Soumission, Macron va-t-il lui donner raison ?  Mais faut-il vraiment attendre 2027 pour changer de gouvernance ?

Macron ressemble un peu à Paul Reynaud, ce président du conseil qui pense pouvoir contre-attaquer après les premières percées allemandes et rétablir la situation, et en même temps, cède devant les défaitistes Weygand et Pétain, finance l’installation de de Gaulle en juin 1940 à Londres, et, en même temps, sous l’influence de sa compagne du moment, sert de marchepied à Pétain le traître. Il ne reste rien du « Reynaudisme ».

L’heure est venue pour le bloc central de rompre avec les usages et de ne pas laisser Macron détériorer encore plus l’image de notre pays, quitte à aller vers des élections législatives anticipées très vite. Le Centre, le vrai, et la Droite sont prêts et pourraient l’emporter à présent. Une grande coalition réunissant LR, le Parti Radical, le Modem, l’UDI, etc… peut gagner, et de nombreux marcheurs quittent Renaissance pour frapper à la porte des partis historiques de gouvernement.

L’heure est venue pour Bruno Retailleau et pour les autres de se faire entendre avec force et vigueur, ou de claquer la porte.

La rumeur parisienne enfle, elle laisse entendre que Macron réfléchit de nouveau à dissoudre l’Assemblée en septembre. Il faut le prendre de vitesse. Ne le laissons pas être le maître des horloges…

Il n’y a pas eu de giscardisme après Giscard, ni de mitterrandisme après Mitterrand, ni de chiracisme après Chirac. N’est pas de Gaulle qui veut ! Et il n’y aura pas de macronisme après Macron. Car le macronisme n’a jamais été une pensée. C’était une posture. Un vernis. Une promesse floue. Le vernis s’écaille. Le masque tombe.

L’heure est venue de reconstruire, sans attendre 2027.

 Patrick Pilcer 

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