Comment écouter lorsque les marchés parlent

Larry McDonald a publié son dernier ouvrage “ How to listen when markets speak” en 2024.

Cet ancien trader de Lehman Brothers a gagné en notoriété lorsqu’il a décrit dans un livre majeur, intitulé « A Colossal Failure of Common Sense » , les coulisses de la crise des subprimes. 

Aucune date de parution d’une version française de son dernier livre n’est prévue dans un avenir proche.

Voici les points importants qui permettent de comprendre les changements majeurs que va connaître l’économie mondiale au cours de la décennie.

Les idées reflètent sa vision d’un monde en transition, passant d’une ère de faible inflation et de croissance technologique à une période marquée par une inflation plus élevée, un boom des matières premières et un accent sur les actifs tangibles.

Passage de la croissance à la value et aux actifs tangibles

McDonald prévoit un « mouvement historique du capital » des actions de croissance (comme les géants technologiques) vers les actions dites valeurs et les actifs réels. Il soutient que l’ère de faible inflation et de taux d’intérêt bas, qui a favorisé les portefeuilles axés sur la technologie, est terminée. L’inflation persistante et les tensions géopolitiques pousseront les investissements vers des actifs qui performent bien dans un environnement inflationniste.

Raison : La domination du marché boursier américain (43 % de la capitalisation boursière mondiale contre 26 % du PIB mondial) et ses valorisations élevées suggèrent un rééquilibrage vers des secteurs et régions sous-évalués.

Supercycle des matières premières

Un thème majeur est la résurgence des matières premières due à des pénuries d’approvisionnement, un sous-investissement dans la production et une demande croissante liée aux technologies émergentes comme l’IA et les énergies. 

McDonald compare cela à la période 1968-1981, marquée par l’inflation et les booms des matières premières.

Facteurs clés : Les centres de données pour l’IA, l’électrification (véhicules électriques) et les besoins en infrastructures mondiales exigeront d’énormes quantités de métaux (cuivre), d’énergie et d’autres ressources.

Transition énergétique et demande en énergie

La croissance exponentielle de la demande énergétique, notamment liée aux centres de données alimentés par l’IA, est au cœur de sa thèse. Il met en avant le besoin de sources traditionnelles (gaz naturel, pétrole) et alternatives (uranium, nucléaire) pour répondre à cette demande, car le réseau électrique américain est obsolète et sous pression.

Facteurs supplémentaires : Les tensions géopolitiques et la relocalisation des industries augmenteront encore les besoins énergétiques.

Rebond des marchés émergents

McDonald voit les marchés émergents sous-évalués (comme la Chine et l’Inde) comme prêts à croître, alors que les capitaux quittent les marchés américains surévalués. Il met l’accent sur les pays ayant une forte exposition aux matières premières ou un potentiel de croissance interne.

Couvertures contre l’inflation

Avec une inflation qui devrait rester « persistante » (plus élevée qu’avant 2020), McDonald recommande des actifs comme les métaux précieux et les actions énergétiques, qui performent historiquement bien dans ces conditions.

L’objectif de réindustrialisation par l’administration Trump a aussi son importance.

La relocalisation, la reconfiguration des chaînes d’approvisionnement et un supercycle des dépenses d’investissement stimuleront la demande pour les entreprises industrielles.

Selon ces thèmes, les secteurs les plus exposés sont l’énergie (pétrole, gaz naturel, uranium), les métaux et mines (cuivre, métaux précieux), les Industriels et infrastructures, et les actions des marchés émergents

Il est, par ailleurs, impossible de ne pas aborder l’état financier des Etats-Unis en partie hérité des choix de l’administration démocrate.

Dette publique : plus de 36 trillions de dollars, soit plus de 124% du PIB

Déficit publique : près de 1,9 trillions de dollars, soit plus de 6% du PIB

Déficit de la balance courante : près de 900 milliards de dollars

Les Etats-Unis font donc face à des déficits jumeaux qui illustrent une économie qui vit au-dessus de ses moyens, tant sur le plan interne (dépenses publiques) qu’externe (commerce). Ces déséquilibres peuvent signaler des risques à long terme, comme une dépendance accrue aux prêteurs étrangers ou une pression sur le dollar, mais ils offrent aussi des opportunités, comme attirer des investissements mondiaux.

Le secrétaire au Trésor Scott Bessent et le président Donald Trump sont conscients des risques à long terme des déficits jumeaux et de l’explosion de la dette.

L’administration précédente a trop joué avec les taux d’intérêts afin d’aider électoralement la candidate démocrate. 

Les deux ont besoin que les taux longs à 10 ans redescendent vers des niveaux plus soutenables notamment lors des roulements de la dette et des nouvelles émissions de dettes à venir.

La réduction du déficit commercial est une des raisons pour lesquelles Trump veut imposer des droits de douanes envers les pays avec lesquels l’Amérique est déficitaire.

Une autre raison est la réindustrialisation du pays qui a connu la destruction de sa classe moyenne au profit de la Chine dont le modèle était de devenir l’atelier du monde en y installant des usines à bas coûts battant toute concurrence.

Aucun pays ne peut avoir d’avenir prospère et stable en ayant sacrifié sa classe moyenne.

Les thèmes d’investissement de Larry McDonald pour la prochaine décennie (2025-2035) reposent donc sur un changement économique radical vers l’inflation, l’énergie et les matières premières, avec un désintérêt pour les actions de croissance technologiques américaines. Les secteurs clés incluent l’énergie (pétrole, gaz, uranium), les métaux (cuivre, or), les marchés émergents, la défense et les industriels. Sa vision s’appuie sur des tendances macroéconomiques – demande énergétique liée à l’IA, tensions géopolitiques et inflation – faisant de ces domaines des gagnants potentiels d’ici 2035. 

Donald Duck

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