Le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche marque un tournant brutal : la stratégie dite “Brzezinski », du nom de l’ancien conseiller à la sécurité nationale des États-Unis Zbigniew Brzezinski, a été abandonnée plongeant l’Europe dans une panique totale. Élaborée dans un livre* et détaillée par le puissant think tank américain Rand Corporation, cette doctrine visait à remodeler l’équilibre mondial en cinq étapes :
1 Orchestrer une révolution “colorée” en Ukraine
2 Installer un régime russophobe à Kiev
3 Séparer l’Europe de la Russie
4 Isoler la Chine
5 Détruire l’Iran
Les deux premières étapes ont été exécutées avec succès : la révolution de Maïdan en 2014, suivie des accords de Minsk, a porté au pouvoir un gouvernement aligné sur l’Occident. L’étape 3, (Séparer l’Europe de la Russie), s’est concrétisée par une salve de sanctions contre la Russie, amplifiée par le sabotage du gazoduc Nord Stream, privant l’Allemagne d’une énergie bon marché. Mais les choses ont dérapé. Les étapes 4 et 5 ont échoué : loin d’isoler la Chine, les sanctions ont poussé Moscou et Pékin à se rapprocher, au point que la Chine se voit aujourd’hui comme un allié privilégié de la Russie. Par ailleurs, l’appartenance de cette dernière aux BRICS lui a permis de briser l’isolement international que l’Occident espérait lui imposer.
Les dirigeants européens, souvent peu éclairés et arrogants, ont sous-estimé la détermination russe à refuser l’expansion de l’OTAN en Ukraine, ainsi que le soutien populaire dont bénéficie le Kremlin dans ce conflit. Résultat : le centre de gravité économique mondial s’est déplacé vers l’Asie. La confiscation des avoirs de la banque centrale russe et de quelques oligarques en Europe, aux États-Unis et en Suisse a soudé les BRICS autour de Moscou. L’hégémonie unilatérale des États-Unis s’effrite, laissant place à un ordre multipolaire porté par la Russie, la Chine, l’Inde et leurs partenaires.
Pragmatique, Trump a tiré les leçons de cet échec. Sa nouvelle administration annonce un retrait progressif d’Ukraine et entame des négociations avec la Russie, amorcées en Arabie Saoudite. Mais l’Europe reste figée. Aveuglément alignée sur l’équipe Biden, elle s’est jetée à corps perdu dans une escalade guerrière : livraisons massives d’armes, formations de soldats ukrainiens, milliards d’euros déversés chaque mois. Boris Johnson, alors Premier ministre britannique, avait même saboté dès mai 2022 toute tentative d’accord entre Kiev et Moscou.
Aujourd’hui, alors que Trump prône la désescalade, les dirigeants européens s’entêtent à vouloir prolonger la guerre contre la Russie. Plutôt que de moderniser leurs économies – comme le préconise Mario Draghi, ex-président de la BCE, avec un plan d’investissement de 800 milliards d’euros dans les technologies –, Ursula von der Leyen, Emmanuel Macron et Keir Starmer misent sur un effort de guerre du même montant pour réarmer l’Europe face à Moscou. Macron, dans son discours du 5 mars 2025, n’a-t-il pas déclaré que la Russie menace le continent ?
Incapables de résoudre leurs crises internes, (Islamisation de la société européenne, dettes abyssales, désindustrialisation, énergie hors de prix, tensions sociales) ces leaders se réfugient dans une fuite en avant. Prévoir un réarmement à 800 milliards est facile ; le financer l’est moins. Qui paiera ? Quelle est la stratégie ? Quels alliés pour l’Europe ? Qui mènera une telle guerre, et avec quelles conséquences humaines, sociales et économiques ?
L’Europe s’est déjà enlisée dans deux guerres mondiales sans jamais triompher seule. Oserait-elle en provoquer une troisième ? Obsédés par cette escalade, Macron semble viser autre chose : une présidence européenne ou un poste à l’OTAN ?
Discrédité auprès de Trump, Poutine et Xi Jinping, Emmanuel Macron se rêve en chef de guerre, une ambition financée au prix fort par les Européens. Simple diversion ou délire de grandeur ?
Jean Paul Probst
* le grand échiquier