Ça suffit les grincheux ! La manifestation du 8 mars n’était pas parfaite ok. Oui, il y a peut-être eu quelques « couacs » mais il y a toujours des petits problèmes de logistique dans une manif non ? Ainsi, il semblerait que quelques milliers de participantes se soient retrouvées empêchées de défiler avec les autres et parquées dans une rue, pendant près de 3 h 30. Sans doute quelques écervelées qui auront mal noté le lieu de rassemblement ou l’horaire.
Par un malheureux hasard, ces participantes regroupaient essentiellement le collectif « Nous vivrons », en mémoire des victimes des attaques du 7 octobre. De là à dire que les femmes juives ont été écartées de la manif, il ne faut pas exagérer. La vérité est qu’elles pouvaient très bien défiler. (À condition de ne pas dire ou montrer qu’elles étaient juives).
Et puis, il faut voir le verre à moitié plein, plutôt que de toujours chercher la petite bête : l’année dernière ces mêmes femmes avaient dû être exfiltrées par la police, attaquées par des militants qui leur balançaient des bouteilles de verre sur la tronche, aux cris de « casse-toi sale juive ». Rien de tel, cette année.
Vous le voyez le progrès ? Pas de participation au cortège = pas de mise en danger.
Pas de juif = plus d’antisémitisme. C’est brillant, non ?
Il faut reconnaître qu’on ne peut pas TOUT dénoncer, non plus. À un moment, on est obligé de faire le tri dans les revendications. Parce que, c’est un peu comme les chasseurs dans le sketch des inconnus. Il y a les bons chasseurs et les autres, tout comme il y a les bonnes victimes et les autres.
Il faut noter que le collectif des femmes iraniennes a aussi été exclu de la manifestation. En même temps, ce n’est pas très grave. Elles n’avaient sûrement pas grand-chose à dire en ce qui concerne les violences patriarcales.
Non, vraiment c’était une belle manif, très inclusive. Il y avait des hommes aussi, ceux du groupuscule « La Jeune garde », venu pour intimider d’autres femmes. Des gentils garçons tellement déconstruits, qu’ils ont poussé la discrétion jusqu’à se dissimuler le visage derrière des cagoules.
Ça avait l’air tellement bien que je regrette, de ne pas avoir fait le déplacement. Du coup j’ai pris la résolution de monter à Paris, l’année prochaine.
Comme je suis d’un naturel individualiste et que je déteste tout ce qui ressemble de près ou de loin à des regroupements, je défilerai toute seule. Je me fondrai dans la foule, le nez au vent, une main dans la poche et dans l’autre, je brandirai peut-être une photo d’une des victimes du 7 octobre, au hasard, parmi tant d’autres, juste pour que la barbarie ne tombe jamais dans l’oubli.
Je serai tranquille. Je marcherai sans crainte, en toute sécurité, au milieu de « mes sœurs ». Elles ne s’appellent pas #NousToutes pour rien.
Parce que ça se passe comme ça, ici, en France et entre femmes.
On pratique la « sororité » à fond.
On ne fait pas de discrimination.
On « croit » les victimes et on leur donne la parole.
Sinon, vous imaginez ? Ce serait vraiment trop la honte…
Nathalie Bianco