Bayrou et la quadrature du cercle

Mercredi 5 février 2025, suite au rejet de la motion de censure, la France a enfin un budget et je crois qu’il faut s’en féliciter. Une nouvelle motion de censure et une chute du gouvernement Bayrou aurait été une catastrophe pour notre pays.

Certes, ce budget n’est pas parfait, loin s’en faut, et ne nous rapproche pas beaucoup de l’orthodoxie budgétaire prônée par Bruxelles mais la France retrouve une certaine stabilité budgétaire. C’était quand même ça ou le chaos.

Quoi qu’on en dise, le mérite en revient à François Bayrou qui a, en quelque sorte, trouvé la quadrature du cercle pour s’éviter la censure de l’Assemblée Nationale. Il a su manœuvrer avec habileté pour éviter que les socialistes ne votent la motion de censure et que le RN n’ait pas envie non plus de faire chuter le gouvernement. Le PS, en tournant le dos au NFP et surtout à LFI, a su prendre ses responsabilités et mettre en avant son sens du devoir en tant que potentiel parti de gouvernement. 

Bayrou, contrairement à Barnier, a su trouver suffisamment de compromis à gauche comme à droite pour faire passer le budget et rester en place. Si beaucoup de Français critiquent Bayrou et ce depuis longtemps, il est peut être la personne qu’il fallait pour sortir le pays de l’ornière dans un contexte parlementaire jamais connu et surtout des députés hors sol et avec un sens des responsabilités qu’on souhaiterait plus développé. Avec trois blocs plutôt inconciliables et régulièrement des comportements indignes du rôle de législateur que les électeurs leur ont confié, les députés actuels font penser à une classe d’école où le chahut est quotidien et permanent.

Macron s’est totalement planté avec son « en même temps » en essayant de faire travailler ensemble gauche, centre et droite républicaine ; il a juste réussi à faire émerger encore davantage les extrêmes et à vider de manière assez sournoise les deux partis traditionnels de gouvernement que sont le PS et LR de leur substance sans pour autant faire émerger de réels talents ou dirigeants d’envergure. 

Bayrou, au contraire, essaie de faire travailler ensemble gauche et droite modérées sur des sujets qui peuvent faire consensus et c’est certainement la bonne méthode dans la situation actuelle. Il est juste dommage de n’avoir pas réussi à trouver de la place au gouvernement pour certains membres du PS de bonne volonté. En France, l’affrontement a toujours été brutal et il est désormais temps de trouver une autre méthode dans un pays qui n’a pas la culture de la coalition comme cela se fait chez nos voisins.

A un an des élections municipales à Strasbourg, peut-être que la recette Bayrou ne sera pas totalement à écarter pour déloger Barseghian en constituant un large rassemblement pour redonner un avenir à notre ville. Je me rappelle que c’est ce qu’avait tenté de faire une liste en 2001 en rassemblant des citoyens de tous horizons, gauche et droite mêlée, dans le but de faire pour le mieux pour Strasbourg en faisant abstraction de leurs convictions et idéologies parfois opposées.

Marc Assin

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