Tous les 27 janvier, les mots m’apparaissent muets et sans consistance. Alors que faire ?
Publier la porte du camp, avec sa devise qui résonne comme l’épitaphe de millions de cadavres sans tombeaux?
Publier des photos de victimes, aller de regards en sourires, sans parvenir un instant à s’imaginer ce que chacun de ces visages a enduré ?
Publier le récit d’un déporté, exhumer son texte de la terre où enfin il repose afin que l’horreur s’incarne et flagelle les consciences ?
Publier des noms au hasard pour les faire revivre le temps d’une lecture ?
Publier ses pensées, une prière, sa colère, ses espoirs, dénoncer la vanité et la cruauté des choses ? Pleurer sur le monde tel qu’il est ?
Je ne sais pas.
Leur dire qu’on n’oublie pas
Leur dire qu’on ne pardonne pas
Leur jurer qu’on continue,
Qu’ils ne sont pas morts
Qu’on n’a pas les mots pour le dire mais qu’on est là.
Et puis qu’on ne se contentera pas du devoir de mémoire. Que demain aussi, on défendra les juifs de France contre une haine qui ne veut pas s’éteindre.
Cécile Chabaud
