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Bari Weiss, digne héritière d’Albert Londres, symbolise-t-elle la fin du monopole des médias mainstream ?

« I Wanna Blow This Up »* Bari Weiss

Bari Weiss n’est pas qu’une journaliste.  Elle est une alarme vivante. Avec son rôle désormais de rédactrice en chef de CBS News , suite à l’acquisition pour la modique somme de 150 millions de dollars du média en ligne The Free Press par Paramount, laquelle avait été rachetée un an auparavant par le fils de Larry Ellison, milliardaire républicain et fondateur d’Oracle.

Bari Weiss incarne le contre-pouvoir intellectuel face à des médias traditionnels devenus dogmatiques. Son combat révèle plus qu’une crise personnelle : il met à jour une crise structurelle des médias.

Tout commence en 2020, lorsque Bari Weiss quitte le New York Times. Elle dénonce un journal où la conformité idéologique règne, où les attaques internes servent à museler toute pensée contradictoire. Ce n’est pas un simple désaccord politique : c’est l’affirmation selon laquelle certaines vérités ne sont plus jugées acceptables. Pour beaucoup, ses mots savaient que derrière la critique se lisait une hostilité à son identité aux relents antisémites.

Weiss fonde alors The Free Press, un média indépendant qui prend le contre-pied des rédactions verrouillées.
Son succès, plusieurs millions de lecteurs, une influence considérable dans le débat public, montre qu’une partie croissante du public aspire à un journalisme sans tutelle morale, capable de confronter, d’interroger, de déranger.

C’est précisément ce modèle, fondé sur la liberté de ton et la rigueur, que Paramount souhaite importer au sein de CBS News en confiant à Weiss les rênes de son pôle d’information.
Un geste audacieux, presque iconoclaste, dans un paysage où la prudence est devenue la norme.

Le problème ne se limite pas aux États-Unis. En France, la dérive apparaît comme un fait : la présidente de France Télévisions, l’a elle-même dit à l’Assemblée : « On ne représente pas la France telle qu’elle est mais telle qu’on voudrait qu’elle soit. ».

Cette phrase est lourde de sens. Elle dit que le service public assume un projet idéologique, qu’il veut façonner la réalité selon un plan moral. Ce n’est pas seulement un choix éditorial : c’est une vision politique. Selon sa propre logique, l’information n’est plus neutre, elle devient un outil de représentation souhaitée. Or, le financement des médias publics par l’impôt des français réclame le respect du principe d’impartialité.

Pendant ce temps, le public se défie des grands médias : CNN, BBC, Washington Post, France Télévisions… leur hégémonie morale s’effrite. Leur ligne, de plus en plus progressiste, uniformise le débat et travesti les faits. 

Donald Trump réclame 5 milliards de dollars en justice à la BBC après la découverte d’une pure manipulation avec des montages vidéo d’un de ses discours dans le but de lui faire dire ce qu’il n’a jamais dit ; le directeur général et la directrice de l’information ont dû démissionner. Et face à ces narratifs, les réseaux sociaux et des médias alternatifs ont brisé l’ancien monopole : la vérité n’est plus entre les mains de quelques grandes rédactions.

Les réseaux sociaux ont permis aux dissidents d’être entendus, exposé les contradictions des rédactions et mis fin, définitivement, à toute tentation d’ériger un « ministère de la vérité » orwellien.

Dans un monde où chaque citoyen peut vérifier, publier, contredire, une vérité officielle administrée d’en haut n’a plus d’avenir.

Nous assistons à un moment de bascule avec la fin de l’invisibilisation du réel et du déni, matraqués quotidiennement, par les autorités d’occultation si chères à Maitre Goldnadel.

Le phénomène Weiss n’est pas un cas isolé. Le modèle qu’elle incarne, celui d’un journalisme audacieux, libre de ton, peut se répliquer au-delà des États-Unis. En Grande-Bretagne, GB News défie la BBC. En France, CNews joue un rôle similaire de décentralisation du récit dominant. En Europe, d’autres voix indépendantes pourraient suivre, et briser la pensée unique qui pèse sur l’information publique.

Weiss ne promet pas l’objectivité parfaite, mais revendique un retour à des principes fondamentaux, simples et pourtant oubliés :

Affirmer la réalité, même si elle dérange, donner la parole à des voix diverses pour nourrir le débat,

enquêter avec rigueur et être factuel, sans se soucier de plaire, et refuser la censure idéologique.

Elle montre ainsi qu’un média libre, critique, et fier de dire ce qui est, peut non seulement exister, mais devenir une force.

Bari Weiss n’est pas seulement un phénomène médiatique : elle est un symptôme. Le symptôme d’un public excédé par les grands médias qui prêchent plus qu’ils n’informent. Bari Weiss incarne un retour au journalisme qui informe avant d’expliquer, qui observe avant de juger, qui enquête avant de moraliser.
Elle a démontré qu’un journaliste indépendant pouvait rivaliser avec des empires médiatiques, et désormais les influencer de l’intérieur grâce au soutien de la Paramount. 

Et son pari est simple : rapporter ce que « l’on voit et le monde tel qu’il est » et non tel que « l’on voudrait qu’il soit ».

L’Europe ferait bien de regarder cette trajectoire de près. Car elle préfigure une recomposition profonde : celle d’un paysage où la pluralité redevient une richesse, où la contradiction n’est plus un délit, et où l’information cesse enfin d’être dogmatique pour redevenir ce qu’elle aurait toujours dû être. Le reflet du réel, dans toute sa complexité.

C’est une révolution, mais d’ores et déjà essentielle pour l’information et la qualité des débats.

Donald Duck *(Je veux faire exploser ça)

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