Le « Moine-Soldat » déjà au pain sec et à l’eau…

La chronique de Patrick Pilcer

Les mots ont un sens et Sébastien Lecornu, involontairement certainement, a décrit sa posture de la meilleure des façons. Il se dit « moine-soldat ».

Qu’est-ce donc qu’un moine-soldat ?

C’est l’expression consacrée pour désigner les Templiers au Moyen Age, ces hommes doux comme des agneaux d’un côté, loups pour les autres hommes de l’autre, un bréviaire dans une main, une épée dans l’autre.

Leur vocation était de protéger les pèlerins vers la Terre Promise, mais ils ne se privaient pas de massacrer tous ceux qui ne pensaient pas comme eux pour autant. L’Histoire n’oublie pas les bains de sang qu’ils ont laissés sur leur passage dans la Vallée du Rhône ou à Jérusalem, où musulmans, juifs, et chrétiens d’Orient étaient passés systématiquement au fil de l’épée.

Nous sommes là bien loin de l’image d’Epinal du chevalier templier qui n’use que d’armes pures. Pour paraphraser Charles Péguy, le Chevalier a les mains pures mais il n’a pas de mains…

Surtout, ces « moines-soldats » se sont bien vite éloignés de leur idéal et sont devenus banquiers, prêtant aux papes et aux rois. C’est d’ailleurs ce qui les fera tomber, le roi de France préférant « effacer » sa dette plutôt que de la rembourser. Il faut relire Maurice Druon et ses « Rois Maudits » pour se rappeler la fin des « moines-soldats » et de Philippe dit le bel.

« Moine-Soldat », Lecornu tente de massacrer ceux qui ne pensent pas comme lui, même si, côté pile, il tente de ressembler à un agneau. Ainsi, pour que le « Grand Maître » de son ordre ne chute pas encore, Lecornu n’hésite pas à torpiller le socle commun.

Il va même jusqu’à céder aux socialistes et promettre de ne pas utiliser le 49-3, d’abroger la réforme des retraites, de taxer encore plus les revenus. Plutôt que de diminuer les dépenses publiques, on ressort les bréviaires et dogmes socialistes, on taxe toujours plus.

Lecornu sait très bien que tout cela amènera à plus de déficit, mais il oublie que son « ordre » n’a pas de Trésor ! Ce « moine-soldat » ne pourra pas prêter, il ne peut qu’emprunter.

Sur son chemin, Lecornu est prêt à écraser ceux qui ne pensent pas comme lui, à étouffer le débat en prétendant le nourrir. Ni les LR, ni Horizon, ni l’UDI, ni le Parti Radical n’acceptent de participer à cette mascarade. Bien sûr, Lecornu fait comme Macron, il débauche ici et là des individus qui préfèrent un titre, une voiture avec gyrophare et chauffeur, une bonne cantine, à la fidélité à une ligne politique claire. On prétend à un gouvernement « resserré » et on finit ainsi avec 34 ministres… et si d’autres s’étaient laissé tenter par le débauchage, pourquoi pas 40…

La République ne peut vivre sans socle commun. Or, à force de confondre fidélité et servitude, discipline et dévotion, elle oublie l’essentiel : gouverner, c’est convaincre, pas soumettre.

Seuls les Radicaux ont résisté aux sirènes. De Gaulle disait à Jacques Chaban Delmas et à Michel Debré : « allez au Parti Radical, c’est encore là qu’il reste les vestiges de ce qu’est la République ». C’est de nouveau vrai aujourd’hui !

Mais malgré ces quelques débauchages, le socle commun est mort, piétiné par le « moine-soldat ».

Ce « moine-soldat » de circonstance s’imagine protecteur d’un temple, mais en piétine les fondations. Du Temple de Jérusalem au palais de l’Elysée, il n’y a parfois qu’un pas : celui qui sépare le zèle mystique de l’aveuglement politique. Il n’y a surtout qu’un pas entre le Capitole et la Roche Tarpéienne.

Les Chevaliers excellaient dans l’art de maîtriser leurs montures. Symboliquement, un Chevalier maîtrise son cheval, il domine sa partie animale. Il se maîtrise, respecte ses amis et alliés, les protège et évite de leur faire du mal. Pas Lecornu ! Son seul objectif est de protéger Macron du naufrage.

Peine perdue !

Il y a ceux qui ont pu gagner les bateaux de sauvetage, qui ont préféré quitter le navire et sauvé l’essentiel, il y a ceux qui ont choisi de quitter le gouvernement ou de ne pas y rentrer, et il y a ceux qui préfèrent écouter l’orchestre jouer et savourer les bons vins qui restent encore dans les cales du bateau. Mais le navire coule déjà, la voie d’eau est bien trop grande, façon Titanic, emportant avec lui ce président maudit et ceux qui persistent à porter son étiquette.

La France donnait des leçons au monde entier, nous avons à présent, un ancien président qui a évité la prison à cause de son âge, un ancien président qui sera bientôt en cellule à la Santé, un ancien président qui allait « incognito » en scooter voir sa chère et tendre, et à présent un président qui se pense insubmersible et fonce droit sur l’iceberg !

La France va surtout droit à la dissolution, la destitution ou la démission… Quel naufrage !

 Patrick PilcerPrésident de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers, auteur de « Ici et maintenant – lecture républicaine de la Torah » (préface du Grand Rabbin de France, Haïm Korsia, éd. David Reinharc).

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