Le Lion et la Fourmi

Un lion marche dans la savane.
Majestueux, sûr de sa force tranquille.
Il parle simple et clair, il n’a pas fait l’ENA, mais quand il rugit,
les collines répondent et les barreaux se brisent.

Il a ramené tous les otages, prisonniers chez les barbares.
Sans discours, sans minauderies.
Un geste, un ordre, une certitude.
La puissance, parfois, n’a pas besoin de phrases :
elle a besoin de volonté.

Et puis, trottinant derrière lui,
voici venir la fourmi.
Elle s’agite, dissout, rafistole, batifole, écrit des communiqués,
donne carte blanche à celui qui fait tout ce qu’elle veut,

Réunit des sommets, promet, palabre, se félicite.
Elle s’invite chez les émirs,
et s’incline tant qu’elle finit par disparaître dans le tapis.

« Tu vois, dit-elle au lion,
toute la poussière que nous soulevons ensemble ? »
Le lion la regarde — avec cette pitié lasse
que les forts ont pour ceux qui se croient malins.

Pendant qu’elle parle, notre frère Boualem reste captif,
oublié dans un silence feutré d’ambassades.
Pendant qu’elle s’excuse, le monde s’habitue.
Pendant qu’elle twitte, d’autres décident.

Le lion, lui, n’aime pas la poussière.
Il aime la clarté, les actes, le résultat.
Il ne craint pas d’affronter les chacals,
ni d’appeler le mal par son nom.
Il sait que la paix ne vient jamais de la peur,
mais du courage de la force juste.

Alors la fourmi continue de tourner autour de lui,
persuadée qu’elle trace le chemin,
tandis que le lion, sans la voir,
avance, et fait l’Histoire.

Poème rédigé par Patrick Pilcer

Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers, auteur de « Ici et maintenant – lecture républicaine de la Torah » (préface du Grand Rabbin de France, Haïm Korsia, éd. David Reinharc).

Illustration tirée du site https://www.fables-et-fabulistes.fr/

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