le Cirque de l’Armageddon : Quand les Clowns ont le Bouton Rouge

François Mitterrand disait que « le pouvoir est une drogue qui rend fou quiconque y goûte »

Bienvenue dans le plus grand cirque du monde : la vie humaine n’y vaut pas plus qu’une monnaie de singe pour des vieillards séniles, des dictateurs, des mégalos, des paranos et des régimes schizophrènes.

Au centre de la piste : le bouton rouge, manipulé par des doigts fébriles. Un seul geste suffit : rideau sur l’humanité, fin du spectacle.

Jadis, la bombe incarnait la fin du monde. Hiroshima, 6 août 1945, Little Boy pulvérise la ville, 80 000 morts en une seconde. Fin 1945 : 140 000 morts. Nagasaki, trois jours plus tard : 40 000 morts. Fin 1945 : 80 000 morts.

Le monde avait juré encore  : « Plus jamais ça. »

C’était encore un mensonge.

Nous avons compacté la folie atomique, poli les ogives, miniaturisé le champignon nucléaire et l’avons mis en vitrine comme un trophée national. Aujourd’hui, la bombe n’effraie plus : elle fascine. Elle est « intelligente », flexible, précise, presque élégante. C’est une ligne du portefeuille stratégique : on ajuste sa puissance comme on ajuste la décimale d’une action en bourse.

Missiles Mach 20, ogives multiples, bombes réglables comme une montre suisse : on fabrique des outils de fin du monde, on en est fier, et on les vend comme des gadgets de luxe.

Dans la galerie des monstres, on trouve les fous  qui gouvernent le monde, qui prennent les décisions politiques dans un contexte international instable.  Des Caligula ou des Ivan le Terrible.  

Vladimir Poutine se la joue en super cow-boy du goulag qui menace l’Europe d’un éternuement atomique.  « Si je perds, je crame tout le monde avec moi. » Il dégaine le Sarmat-2 et le Kinzhal pour lancer des menaces comme d’autres envoient des e-mails.

Xi Jinping, robot confucéen : silencieux et glacial, accumule les ogives comme d’autres collectionnent les timbres. Quatre-cents têtes prêtes à lever, des missiles DF-41 capables d’effacer des continents, et le sous-marin JL-3 pour frapper sans se montrer.

Kim Jong  c’est le  pyromane cosplay, un gosse capricieux qui teste les missiles comme on lance des pétards au nouvel an.
L’Iran, le pays messianique aux centrifugeuses tournant à plein régime, avec une foi apocalyptique, drones et missiles balistiques en guise d’avant-goût. Ils n’ont pas encore la bombe, mais déjà ils se remettent à l’eschatologie prête à l’emploi.

Au Pakistan, c’est le chaos nucléaire : 165 ogives flottant entre généraux suspicieux et talibans tapis dans l’ombre dans une ambiance de démocratie fantôme au bord de l’explosion.

Et l’Inde, c’est Bollywood nucléaire : nationalisme et ogives en version Shiva, missiles Agni-V et sous-marins Arihant pour un cocktail régional explosif.

L’Union européenne, s’est égarée dans ses grands numéros d’illusion diplomatique. Elle est la seule à croire encore aux vertus des traités de papier qu’elle prend pour des missiles réels. Elle compte les points sur des diagrammes pendant que les autres comptent les têtes nucléaires.

Et voici Donald , l’ogive narcissique. L’homme persuadé qu’un bouton nucléaire, c’est comme une télécommande : plus c’est gros, mieux c’est.

Dans son miroir, il ne voit pas un président, mais un géant atomique, plus grand que la planète.

Ses conseillers lui rappellent que presser le bouton rouge ne ferme pas un business: ça raye un pays entier.

« Je suis un génie nucléaire », fanfaronnait-il. Un génie, peut-être, mais le génie du narcissisme, capable de confondre une frappe nucléaire avec un deal immobilier.

Et comme si tout cela ne suffisait pas, nous avons amélioré la technologie du chaos

– des satellites capables d’aveugler l’espace,

– des armes antisatellites pour couper nos GPS,

– des drones kamikazes Bayraktar, Shahed ou Switchblade qui survolent nos têtes,

– des lignes de code capables de déclencher une guerre.

Et bientôt, l’IA militaire décidera plus vite qu’un président qui doit vivre ou mourir.On n’aura même plus besoin d’envoyer des bombes : un virus informatique suffira à déclencher un conflit ou à effacer une civilisation.

On a commencé avec Little Boy en 1945, on risque de finir avec une frappe tactique déclenchée par une IA et validée par un dingue en réponse à une attaque fantôme.

Tout cela dévoile l’équilibre précaire de la terre, qui tient miraculeusement sur orbite, mais qui est soumise à l’ « équilibre » de la terreur: Elle n’est plus qu’un verre de nitroglycérine posé sur une table bancale, tenue par des mains gantées d’ego, et de doctrines guerrières.

Nous confions notre survie à des clowns tristes, des vieillards séniles, des fous de dieu et des narcissiques. Et nous appelons cela « équilibre stratégique ».

Pendant ce temps, l’humanité scrolle, like et attend la fin du monde comme un enfant attend Noël, sans savoir que le Père Noël risque d’apporter l’apocalypse.

Séraphine

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