À Strasbourg, la ville aux trois frontières, la “douceur” vantée par une affiche municipale s’est transformée en un brasier de discorde. Lancée par la mairie écologiste de Jeanne Barseghian, cette campagne “Strasbourg, la douceur de ville” met en scène une femme voilée, un choix qui, loin de pacifier, a jeté de l’huile sur les braises d’une France déjà fracturée. Les réseaux sociaux s’embrasent, et la laïcité, pilier républicain, vacille sous les assauts d’une instrumentalisation politique aussi cynique que irresponsable.
L’intention affichée, pour refléter la diversité d’une ville où 10 % de la population est musulmane, aurait pu être noble. Mais dans un pays hanté par les débats sur le voile, de l’interdiction scolaire à la polémique sur les burkinis, cette image sonne comme un déni de réalité. En Iran et en Afghanistan, le voile est souvent une chaîne imposée, une prison pour des femmes luttant pour leur liberté. À Strasbourg, présenter le voile comme un emblème de “douceur” revient à fermer les yeux sur les souffrances de ces femmes, et alimenter ainsi l’indignation de voix sur X, les hashtags #StrasbourgLaHonte et #Laïcité, qui traduisent une colère qui dépasse les cercles partisans.
Cette polémique n’est pas isolée. Elle s’inscrit dans une série d’actes de Jeanne Barseghian qui ne cesse de flirter avec l’outrance depuis le début de son mandat de maire. La suspension d’un jumelage avec une ville israélienne en mai 2025, sa pose en keffieh devant une carte effaçant Israël, ou encore l’illumination de l’hôtel de ville aux couleurs palestiniennes, sont perçues comme un ralliement au terrorisme selon une majorité de strasbourgeois.
La maire de Strasbourg a déjà dressé contre elle une partie de la communauté juive locale, marquée par une recrudescence d’actes antisémites. Aujourd’hui, c’est au tour des défenseurs de la laïcité de crier à la trahison, tandis que des voix musulmanes relayées par des internautes, dénoncent une exploitation électoraliste par la gauche.
Car c’est bien là le cœur du problème : cette affiche pue l’opportunisme. Dans les quartiers populaires, où l’électorat d’EELV puise ses voix, Barseghian fait une danse du ventre calculée, sacrifiant l’unité sur l’autel du communautarisme.
Mais ce jeu est dangereux. En attisant les divisions, elle ne fait qu’arroser la haine, comme le soulignent nombre de critiques qui redoutent un précédent pour d’autres minorités, musulmanes incluses, une fois leur utilité politique épuisée. Les amis musulmans de Strasbourg, loin d’être dupes, savent que cette gauche peut aussi les abandonner lorsque l’appât du gain électoral ne sera plus nécessaire.
La douceur de Strasbourg, ce n’est pas l’image figée d’une femme voilée, mais un vivre-ensemble forgé dans le respect mutuel. Cette campagne, au lieu de célébrer toutes les « douceurs humaines » de la ville, sa mosaïque culturelle, ses traditions alsaciennes, sa jeunesse multiforme, a choisi de planter un drapeau dans un champ miné. Cette affaire n’est pas qu’une erreur de communication, elle est un symptôme d’une politique qui préfère diviser pour régner plutôt que réunir pour avancer. Strasbourg risque de rester marquée, non par sa douceur, mais par l’amertume d’une polémique qui aura envenimé ses rues.
À l’heure de la traîtrise, les français doivent veiller à faire parler les urnes et veiller à ce que la République ne soit pas un pion dans ce jeu de dupes.
Séraphine