Voilà, c’est fini.

Ne faites pas comme si le palmarès vous intéressait, vous êtes comme moi, vous irez voir (peut-être) la palme d’or au moment de sa sortie et c’est tout. Vous avez déjà oublié les noms de Mascha Schilinski et Kleber Mendonça Filho, vous direz « j’attends de voir leur film sur Canal + et puis finalement, quand ils seront disponibles, vous préférez regarder une série sur Netflix.

En revanche, il y a un autre palmarès, qui est nettement plus amusant à dresser, c’est celui des tenues improbables vues sur le tapis rouge.

La palme du style-facile-déjà vu sera collectivement décernée à toutes ces actrices en mode « Oups-j’ai-oublié-le-bas-hi-hi-hi-tant-pis-j’assume-hi-hi-hi-je-me-balade-en-culotte-hi-hi-hi ». C’était amusant et gonflé en 1997, quand Victoria Abril l’a fait, mais comme souvent, les remakes sont bien moins intéressants. (attention ce look n’est pas à reproduire chez vous, surtout si vous empruntez quotidiennement la ligne 13 du métro parisien)

En revanche, nous attendons avec impatience la version masculine et l’année prochaine, peut-être, verra-t-on parader sur le tapis rouge les frères Dardenne en slip-hi-hi-hi. 

Si vous préférez tout miser sur le haut plutôt que sur les jambes, lancez-vous sans crainte, quelle que soit votre morphologie. 

« Toute beauté remarquable a quelque bizarrerie dans ses proportions » écrivait Francis Bacon. Si ce nom évoque plus une tranche de lard fumé qu’un peintre britannique à Nabilla, elle valide tout de même cette citation, elle dont les seins sont désormais plus gros que la tête. 

Les nominées pour la palme du « ça me rappelle vaguement un truc » 

sont : 

– L’influenceuse Lena Mahfouf, avec son ample caftan crème et le foulard assorti dans les cheveux pour le côté « jour de marché à Barbès » mâtiné de « je sais pas pourquoi, je mangerais bien du yaourt La laitière ». 

– Juliette Binoche et son pantalon de cuir clouté (enterrement de vie de jeune fille / Chippendale show / Macumba club / 1996), porté avec un manteau blanc aérien (vacances chez mamie Odette 1985 / Semur en Brionais / catalogue La redoute / page 238 chemises de nuit).

Pour le prix du « oh, j’adorais ça quand j’étais môme » nous retrouvons : 

– Rihanna (vous aussi, vous aimiez vous entortiller dans de vieux draps). 

– Léna Mahfouf et sa tenue rose gonflable, entre la housse de couette et le Malabar.

– L’audacieux Jeremy Strong, qui aura, toute la semaine, réconcilié le costume masculin avec les pyjamas de notre enfance. 

Le prix spécial « Mais-non-c’est-pas-du-Kiabi-c’est-du-Saint-Laurent-chouchou-t’y-connais-rien » est décerné à Charlotte Gainsbourg et à sa robe verte. 

Le prix «C’est moi ou ça fait bizarre/ un certain regard », destiné à encourager un talent naissant est attribué au mannequin Cara Delevingne, avec son look « robe de princesse et cheveux gras de punk à chien », évoquant un mix entre la chanteuse Zaz et Grace Kelly. 

Il lui faudra toutefois encore faire des efforts, avant de viser le grand prix « Portnawak d’or» qui est, comme chaque année très disputé, grâce à une surenchère de mélanges hautement loufoques : 

Du côté des hommes, il revient à Alexander Skarsgard qui mêle smoking classique et bottes d’égoutier ou de pêcheur à la ligne : James Bond en haut, Francis Lalanne en bas. 

En ce qui concerne les femmes, il est remporté par la rebelle Kirsten Stewart, pour son association d’un jupon en tulle et le strict haut de tailleur Chanel (moitié Barbie ballerine / moitié Simone Veil) et aussi pour son tailleur-bermuda-casquette d’écolier (une sorte d’hommage au guitariste d’ACDC qui aurait porté des talons aiguilles).

Et puis il y a la palme d’or. 

Celle de la tenue qui mêle concept audacieux de créateurs sous Kétamine et recyclage des invendus de la Halle aux vêtements. 

Coco Rocha n’est pas passé loin, avec son fourreau en morceaux de chemises, mais c’est Isabelle Huppert, (qu’on avait déjà vu la veille, déguisée en Stabilo jaune fluo) qui a plié le game, avec sa robe en veste de jean. 

Voilà c’est fini. 

C’était à la fois un peu détestable et un peu fascinant, comme chaque année. Ça nous aura divertis et c’est déjà bien. Comme disait Francis Bacon, le peintre charcutier préféré de Nabilla : 

« Tout est si absurde que nous pouvons aussi bien être extra-ordinaires ».

Nathalie Bianco

Partager cet article :

Facebook
Twitter
LinkedIn