La star au voile léger

Le geste de trop : Binoche voilée, l’Occident aveuglé

Ce n’est ni un mirage ni une audace artistique, c’est une aberration grimée en solidarité qui piétine la douleur des Iraniennes.  Elles luttent pour arracher leurs voiles, pour conquérir leurs libertés sous la torture, la prison, jusqu’à la mort pendant qu’une petite prêtresse se met en scène sur les  marches du Palais des Festivals vêtue d’un voile signé Dior… 

Les femmes iraniennes ne hurlent pas Allah Akbar ni Free Palestine. Leur cri, Femme, Vie, Liberté, n’est pas un accessoire de gala, c’est un cri de survie. Un cri étouffé, jour après jour dans les rues de Téhéran.

Tandis que les stars de la Croisette rivalisent de postures, la Palme d’or revient au film : “Un simple accident« , un véritable acte de résistance signé Jafar Panahi. Inspiré de sa propre détention, le cinéaste iranien y dénonce frontalement la répression politique, la censure, les discriminations envers les femmes et l’absence de libertés individuelles en Iran. Le film est un récit sombre traversé par la justice, la vengeance et le trauma.

La Palme d’Or de Jafar Panahi est une gifle magistrale à ceux qui confondent militantisme et mise en scène. Une gifle adressée aux puissances qui s’indignent à la carte, qui applaudissent à Cannes ce qu’ils tolèrent ailleurs par cynisme ou lâcheté, c’est une gifle parce que l’allégorie de Jafar Panahi force l’Occident à regarder ses propres contradictions et sa complicité abjecte.

Panahi rappelle que la liberté d’expression n’est pas garantie partout, et que la simple reconnaissance de la cause iranienne par les médias occidentaux ne suffit pas. Sa persévérance et son courage face à la censure pointent l’injustice profonde que l’Occident tolère par lâcheté et par calcul.

Alors que Cannes s’extasie devant une précieuse ridicule sponsorisée, qui se la joue révolte en haute couture, un autre souffle de vérité est passé par l’Eurovision. Une chanteuse israélienne a tenu la scène. Elle a tenu bon, malgré les appels au boycott, les vociférations et les menaces de mort. 

Voilà ce que sont les actes de courage en 2025 : Braver la repression au péril de sa vie, chanter debout, sous les huées, sans renoncer, pendant que d’autres agitent des keffiehs en soie dans les loges feutrées du Carlton ou de leurs mairies, et que l’Occident continue d’applaudir les paillettes en détournant les yeux de tout ce qui brûle.

Dans cette ère du militantisme à deux balles, tout est devenu politique jusqu’à la caricature. On n’y célèbre plus l’art, on y étale des convictions en toc, des slogans en toc, des artistes en toc sont instrumentalisés, les spectateurs étouffés et la création bannie.

Binoche à le féminisme de la courtisane en talons Louboutin, un féminisme de façade orné d’une indignation sélective. Mais l’indignation n’est pas un rôle que l’on joue derrière les yeux d’une caméra complaisante. Chaque année, ces idiots utiles, contributeurs du frérisme, rejouent la même farce : Soumission et Servilité sont les deux mamelles de cette France de salon.

Parfois, des sursauts, des électrochocs, comme un metteur en scène ou une chanteuse sous les huées, nous rappellent que l’art peut encore résister. Mais pour combien de temps ?

Et pendant que la binoche tournicote selon les vents dominants, des femmes tombent. 

Séraphine

Dessin de l’artiste Afghane Shamsia Hassani

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