Trois heures de trop …
Plus de 3 de heures de baratin, d’autosatisfaction de promesses sous condition, de « peut-être » de « si jamais », de pseudo-réflexions qui dévoilent l’absence de cap. C’est le temps qu’il a fallu à Emmanuel Macron, le 13 mai, sur TF1, pour livrer un grand entretien qui devait être un moment solennel de clarification. Rien : Aucune annonce importante, aucune décision tranchée, rien d’autre qu’une logorrhée présidentielle de plus.
La désinformation pitoyable sur Gaza, le conflit ukrainien, la surpopulation carcérale, la réforme des retraites, la fin de vie, le nucléaire, encore le voile dans le sport ou ArcelorMittal, chaque sujet a été effleuré, survolé, sans être traité.
Macron énumère, suggère … Sanctionner les « revendeurs » de pétrole russe ? Comment ? Quand ? Avec quels partenaires ? Partager la dissuasion nucléaire de la France ? comment ? selon quels mécanismes ? Quelle légitimité ? Quels garde-fous ? Là encore, la réponse se perd dans un halo de grandiloquence stratégique.
Il prétend vouloir « donner la parole aux Français », alors qu’il a fermé la porte à tout référendum sur les retraites ou l’immigration, les deux sujets les plus explosifs de son quinquennat. Rien de nouveau, Emmanuel Macron ne veut pas donner la parole. Elle lui appartient.
Ce n’était pas un président en action que l’on a vu mardi soir, mais le commentateur de sa propre présidence, une marionnette qui s’agite, qui se justifie, qui élève le ton, mais qui ne tranche pas.
Il appelle à la « fraternité » sur la fin de vie, mais ne tranche pas. Il dit non à la nationalisation d’ArcelorMittal, mais promet de « sauver les sites ». Il veut davantage de pouvoirs pour la police municipale, mais « sous contrôle du procureur ». Il envisage des référendums, mais sans fixer ni thème, ni calendrier. Tout est conditionnel. Tout est reporté. Tout est flou.
Le dialogue social, selon Macron ? Une secrétaire générale de la CGT à qui l’on répond « non » d’un revers de main lorsqu’il s’agit d’ArcelorMittal. L’écoute des Français ? Une promesse de consultation générale dans un futur vague, à géométrie variable. L’autorité ? Un « chef des armées » qui brandit la bombe nucléaire tout en déléguant ses responsabilités à des « discussions ».
Ce n’est plus un quinquennat : c’est une fin de mandat au long cours. Un président qui se répète, s’écoute, et s’épuise dans sa propre rhétorique. Les critiques, de l’opposition comme des syndicats, ne disent pas autre chose. « C’est un professeur qui n’apprend pas de ses erreurs », lâche une syndicaliste désabusée. « Il n’était ni à droite, ni à gauche, mais complètement à l’ouest », raille un élu.
Ce marathon médiatique n’aura ni clarifié la ligne du président, ni rassuré les Français, ni relancé une quelconque dynamique politique.
Les français sont restés sur leur faim. E. Macron a confirmé ce que beaucoup soupçonnaient : Emmanuel Macron gouverne en miroir. Il ne regarde plus le pays ; il se regarde parler. Trois heures pour ne rien dire, c’est aussi une manière de dire tout haut qu’on n’a plus rien à dire.
Séraphine