Portrait : L’ayatollah vert de la Robertsau

Longtemps figure discrète du quartier, Marc Hoffsess s’est mué en zélé exécutant de l’idéologie verte. De la destruction du bois de Bussière à l’urbanisation sauvage, en passant par les Tiny Houses imposées contre l’avis des habitants, le “Robertsauvien pur jus” a tourné casaque. 

Billet d’humeur sur un virage idéologique aussi brutal que incompréhensible.

Il fut un temps, pas si lointain, où Marc Hoffsess partageait les affinités politiques de Raymond Barre. À Strasbourg, il traitait de gauchistes ceux qui soutenaient le Parti socialiste, à l’époque où Marc Brunschweiler remportait la cantonale de la Robertsau. On se souvient aussi de ses tournées de boîtes aux lettres pour y glisser L’Ami du Peuple, journal pamphlétaire bien à droite. Il officia même comme plumitif pour Le Nouvel Alsacien, quotidien aussi catholique que conservateur, aujourd’hui disparu.

Puis, quelque chose a basculé. Que s’est-il donc passé chez cet homme tranquille, fils de maraîchers du quartier, ancien du Collège Saint-Étienne, diplômé de Sciences Po Strasbourg et juriste en droit de l’environnement, pour qu’il tombe dans l’orthodoxie verte ? Lavage de cerveau ? Révélation mystique ? Rencontre amoureuse ? 

Toujours est-il que Marc Hoffsess, désormais adjoint au maire chargé de la « transformation énergétique du territoire », élu référent pour la Robertsau et le Wacken, et délégué à la transition énergétique à l’Eurométropole, a tourné sa veste  à gauche toute, et bien serrée au col. Le voilà écolo-à-fond, reconverti en apôtre de l’écologie punitive, prêchant la bonne parole verte sans relâche ni nuance.

Disons-le franchement : depuis, il n’a pas brillé. Peu de charisme, pas d’élan, encore moins d’écoute. Un exécutant docile de la ligne verte, plus porte-serviette que meneur d’hommes, il s’est surtout fait remarquer pour sa promotion obsessionnelle de la géothermie profonde,  pourtant massivement rejetée dans le nord de l’Eurométropole.

Et à la Robertsau ? Son bilan est famélique. En lieu et place de l’écoute : des décisions imposées. En lieu et place de la préservation : du béton à gogo. Il y a d’abord eu la destruction du bois de Bussière, livrée à un promoteur immobilier. Puis l’aménagement absurde, et parfois dangereux, de la rue Mélanie. Et surtout un laisser-faire coupable face à l’urbanisation sauvage qui défigure peu à peu le quartier.

On sacrifie les villas, les jardins, la végétation… pour des blocs de béton à toits plats. La Robertsau n’a jamais été aussi abîmée que sous le mandat des écolos.

Dernier épisode : l’installation de Tiny Houses pour l’hébergement d’urgence. Initiative défendue bec et ongles par Hoffsess, contre vents, marées… et riverains. L’ayatollah vert impose son projet par pur dogmatisme : la Robertsau, quartier huppé et tranquille, doit « prendre sa part ». Peu importe les conditions. Peu importe l’adhésion.

Ironie suprême, cet homme fut autrefois investi à l’ADIR, association de défense des intérêts de la Robertsau. À l’époque, il aurait été le premier à monter au créneau contre un tel projet. Quel revirement !

Alors oui, pour une fois qu’on avait un Robertsauvien pur jus pour s’occuper du quartier, on aurait pu espérer mieux. Moins de dogmes, plus d’écoute. Moins de béton, plus de bon sens. Mais son passage, que l’on espère éphémère, au sein de la majorité municipale actuelle n’aura suscité que peu d’adhésion. 

On est bien loin de l’esprit ouvert, conciliant, intelligent, et non sectaire d’un Yves Le Tallec, lorsqu’il représentait ce quartier avec mesure et loyauté.

Marc Assin

Partager cet article :

Facebook
Twitter
LinkedIn