Le temps passe vite, quelle banalité

Le temps passe vite

Quelle banalité, ma petite …

Et certains jours, on se souvient en riant que l’on n’a plus vingt ans. Alors que si, nous avons toujours vingt ans. Je ne sais plus qui disait – je crois que c’est Wilde, comme toujours, je l’aime – qu’un vieux, c’est un jeune qui se demande ce qui s’est passé. 

Ben voilà. 

Je me suis demandé. 

J’ai dix ans, quand je saute sur mon lit ou mon pot de Nutella, avec huile de palme. Si. 

J’ai douze ans, quand je croise la photo de ce garçon que j’ai tant désiré et avec lequel il ne s’est jamais rien passé. 

J’ai quinze ans, quand je me glisse dans ma robe gothique, en espérant qu’elle m’ira encore un peu. 

J’ai vingt-cinq ans, quand j’écoute ma musique à fond. Vitesse et son. 

J’ai trente ans, quand je pense à mon ex mari et à cette manière étrange qu’il avait de se taire. De se faire. 

J’ai trente-sept ans, et j’espère toujours le prince, qui me sauvera de ma tour. 

J’ai quarante et un ans, et je suis aimée, quelques heures, comme une poupée. 

J’ai quarante-neuf ans, et elle est partie, maman. Elle est bien là, pourtant. 

J’ai cinquante-trois, et j’ai la foi. Tout est grâce, même le souffle de nos bouches sur les glaces. Même les cœurs que l’on dessine sur la buée de nos années. 

Je suis un jeune roi, tu vois. 

Un vieux roi, comme toi. 

J’aime bien me répéter cela. 

Et me demander de quel côté je préfère pencher. 

La jeunesse ou la sagesse, l’ivresse ou la tendresse …

Comment se fait-il que nous soyons si beaux, à la lumière de nos ombres ? 

Je parle de celles du passé, pourtant si présent … 

Je danse sur les ailes du jour et de la nuit, pour dire merci, pour éclater de rire ou en larmes, pour aimer encore et l’être, l’être, pour former et déformer ces lettres qui sont magie, magie de la vie. 

Nous sommes d’éternels enfants, assis sur le rocher, contemplant le sublime panorama de nos puissantes et fragiles années …

Martine Benz®

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