Vous aussi, vous avez toujours été abonné à « la lose » ?

Vous aussi, vous avez toujours été abonné à « la lose » ? Rarement sélectionné, jamais récompensé ? 

Vous avez manqué de vous noyer en essayant d’obtenir votre brevet de « petit dauphin », le premier prix de récitation vous est passé sous le nez et plus tard, vous n’avez même pas été sélectionné pour représenter votre classe au concours d’éloquence ? 

De miss-camping-Palavas à l’employée du mois, du plus beau balcon fleuri à la course à pied locale, du tremplin rock au concours du Printemps des poètes en passant par le trophée du meilleur buveur de bière, rien à faire, vous n’avez jamais réussi à récolter le moindre honneur. 

C’est ainsi.  Il y a ceux qui, quoi qu’ils fassent, passeront toujours à côté des récompenses et des distinctions. 

Et puis, il y a les élus. Les méritants. 

Pour être admis au grade de chevalier de La Légion d’honneur, il faut justifier de services publics ou d’activités professionnelles d’une durée minimum de vingt années, assorties dans l’un et l’autre cas de «services éminents rendus à la nation». 

Parmi ceux-ci, il y a des chercheurs, des responsables associatifs, des artistes, des artisans, des sportifs, des chefs d’entreprises, des gens qui ont porté haut les couleurs de la France. Qu’ils en soient remerciés. 

Mais il y a aussi Marlène Schiappa, Amélie Oudéa-Castéra, Rima Abdul Malak, Clément Beaune et Olivier Dussopt.

Vous les connaissez. 

Déjà tout petits, leurs parents prenaient rendez-vous avec la maîtresse, pour qu’ils obtiennent le rôle principal dans le spectacle de fin d’année. Leur père sponsorisait le club de gym pour être sûr qu’ils soient bien sélectionnés dans l’équipe et à peine sortis de leurs grandes écoles, ils obtenaient le poste que vous briguiez depuis des années, parce que leur père jouait au golf avec le patron. 

Cette fois encore, ils sont récompensés. Je ne sais pas comment se passe une remise de médaille. Peut-être y a-t-il une bande son musicale au moment où ils bomberont le torse ? Si c’est le cas, je suggérerais bien « les copains d’abord » de Brassens. 

Ce n’est pas grave. 

De toute façon, l’évocation de leurs noms ne déclenchera jamais que des mines dubitatives ou des sourires narquois. On se souviendra d’une secrétaire d’état-influenceuse qui aura laissé moins d’empreintes dans l’histoire que dans le rayon « romans érotiques » de Cultura, d’une gloussante ministre aquatique en néoprène dans la Seine, on se rappellera vaguement d’une éphémère et transparente vestale de la culture, on regardera la photo d’un vieux jeune homme falot, aux airs d’éternel étudiant Erasmus en géopolitique sans réussir à se souvenir d’une seule de ses actions, pas plus qu’on ne retiendra celles de notre furtif et larmoyant ministre de la diversion émotionnelle.

C’est ça, la lose, la vraie.

Nathalie Bianco

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