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CNews ou la dernière lueur

L’univers médiatique français, c’est le moins qu’on puisse en dire, ne brille pas par une immense diversité dans son analyse des faits d’actualité, ni dans le traitement d’une information qui se veut davantage porteuse d’idéologie qu’elle n’est soucieuse de vérité. Il faut dire que les enjeux sont de taille, les fractures nombreuses, mais dans cette lutte à mort entre un projet de société progressiste mortifère et une vision conservatrice, rares sont les médias courageux qui osent dénoncer les innombrables dérives auxquelles le pays est confronté, et l’invraisemblable déconstruction culturelle, objectif assumé d’une partie de la classe politique sous couvert de progrès, d’humanisme et de tolérance.

 Depuis des années que le groupe Bolloré a entrepris, à contre-courant de ses concurrents, un combat d’idées partagé largement dans la population, la polémique autour du maintien sur les ondes des chaînes CNews et C8 notamment, n’a cessé de prendre de l’ampleur au point d’être devenue un véritable sujet politique. Est-ce parce que depuis quelques mois, CNews a dépassé son rival BFM dans les records d’audience, ou parce que les positions défendues par la quasi-intégralité de ses chroniqueurs donnent la nausée à une gauche agrippée à sa pensée unique… ? Quoiqu’il en soit les attaques des uns sur le service public et les menaces répétées de l’ARCOM traduisent, en plus d’une rupture franche entre deux mondes, une conception totalitaire de ce que doit être l’information, à savoir un outil d’infusion idéologique qui fait de l’identité et des valeurs françaises et de la France des conceptions suspectes car infestées de « racisme » et d’intolérance. Dans le monde médiatique, CNews comme Europe 1 ou le JDD frappent les esprits par les qualificatifs dont ils sont l’objet, et ce, en dépit d’un pluralisme dont ils respectent toutes les règles et de la variété des intervenants, même si par ailleurs nombreux sont ceux qui en refusent les invitations, de crainte de se voir associés au diable par une partie de leurs soutiens.

 La singularité de CNews réside principalement dans deux points essentiels, parmi bien d’autres. D’abord le large spectre d’opinions représentées en dépit d’une ligne éditoriale définie comme étant de droite (ce qui n’est pas le cas des chaînes et stations de l’Audiovisuel de service public), ensuite la qualité exceptionnelle des débats et des débatteurs qui n’en sont pas à triturer les faits d’actualité jusqu’à les essorer sans y apporter le moindre enseignement. Pas davantage d’inféodation au pouvoir en place. Le courage, l’honnêteté et le travail de journaliste font non seulement de cette chaîne un lieu de liberté de pensée et d’expression, mais le dernier bastion d’une résistance intellectuelle et politique dont la survie est aussi celle de l’âme d’un pays fier de ce qu’il a été et qui n’aspire qu’à le redevenir tant il a été malmené. Il ne s’agit ni de minorer ni d’amplifier les tragédies quotidiennes mais de les restituer avec l’impartialité et la lucidité indispensables à la compréhension des enjeux véritables, dont nul ne peut faire l’économie aujourd’hui. La disparition souhaitée de CNews en raison de son extrême-droitisation supposée sonnerait comme l’avènement d’une dictature de la pensée qui préfigurerait des heures dramatiques pour nos libertés intellectuelles, car la promotion des positions écologistes, islamistes ou wokistes, chacune à sa manière, ne laisserait plus aucune latitude au moindre espoir de retrouver cette France libre dont rêvent ceux qui l’ont vécue et aimée.

 Outre le sourire et le ton parfois léger des chroniques, l’intelligence de cette chaîne et sa détermination à dénoncer en nommant les choses par leur nom font mouche et expliquent son succès. Forcément, cela dérange. Au moment de la tragédie du 7 octobre 2023, la chaîne prit fait et cause pour les victimes de cette barbarie, et se montra indéfectiblement aux côtés des Juifs de France et de leur souffrance en dénonçant sans ambiguïté les fortes poussées d’antisémitisme. Chez CNews, pas de place pour le « oui mais », seulement des prises de positions claires et justes venant à contre-pied de l’ensemble des chaînes rivales trop souvent empêtrées dans des commentaires au mieux fondés sur une ignorance des faits et de l’histoire, au pire complices assumés de l’inexcusable. Le déplacement du spectre médiatique très largement sur la gauche installe mécaniquement CNews dans le camp des fachos et des infréquentables racistes, expliquant chez certains un obsessionnel désir d’en effacer jusqu’au seul nom, toute trace sur les écrans.

 Sans la bande à Pascal, Christine, Elliott et à tous les autres, à l’heure où les victimes de la barbarie ambiante n’en finissent pas de tomber, à l’heure où les décisions des juges défient l’entendement, à l’heure où toute une civilisation vacille sous un raz-de-marée migratoire, que serions-nous ? 

De quels cieux viendrait le dernier rayon de lumière, d’intelligence, de liberté, qui éclairerait nos consciences embrumées ? Qui d’autre pour dénoncer l’injustifiable, quelles voix pour porter les souffrances des familles endeuillées, quels mots enfin pour nous avertir des dangers à venir ou pour nous soulager des douleurs endurées ?

 Ils sont nombreux sur cette chaîne, à risquer gros, parfois jusqu’à leur propre vie, pour les opinions qui sont les leurs et à oser apporter une parole claire et dissonante. Dans cet océan de noirceur où la bêtise est insondable, où la lâcheté est infinie, ils sont ce petit îlot quotidien de lumière, de sagesse et de raison, sur lequel on espérait tant retrouver nos racines perdues et croire à des lendemains meilleurs.

Nestor Tosca

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