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Tous ces gens ont voté

Le type sympa, qui s’est arrêté pour vous aider à changer votre roue, sur le bord de la route, l’autre jour.

La dame qui vous gardait quand vous étiez petit, qui continue à vous pincer la joue et à vous ébouriffer les cheveux quand elle vous voit, comme si vous aviez encore 7 ans. 

Le charcutier rigolard, qui vous glisse systématiquement « un petit plus » dans votre sac de course, avec un clin d’œil. 

La baby-sitter toujours joyeuse, qui récupère vos enfants à la sortie de l’école. 

Le jeune voisin du 5e, celui qui se donne un peu des airs de « racailles », mais qui ne manque jamais de retenir la porte de l’ascenseur pour vous. 

Votre grand-mère maternelle, toute petite, toute fragile, qui sent si bon l’eau de cologne quand vous l’embrassez. 

Le stagiaire au guichet de la banque, qui, malgré sa chemise et une tonne de gel dans ses cheveux, continue à ressembler au gamin boutonneux et ébouriffé qu’il est. 

Le gros barbu qui regarde le match, à côté de vous, qui ne tient pas en place et qui vous sautera dessus pour vous embrasser s’il y a un but. 

Vos collègues. Celui qui ronchonne un peu, mais qui finit toujours par dire oui, quand on lui demande un coup de main et l’autre, celle qui apporte toujours des gâteaux délicieux pour « la pause ».

Vos potes. Celui qui est en permanence fauché, mais qui a toujours un plan super pour se refaire ; celui qui met l’ambiance partout où il passe ; le taiseux, qui ne dit jamais rien, mais sur qui vous savez que vous pourrez compter, quoi qu’il arrive, toute votre vie.  

Vos plans cul. 

Votre premier amour. 

Votre famille. 

Tous ces gens ont voté. Peut-être pas comme vous. Peut-être à l’exact opposé de ce que vous auriez voulu. Ça n’en fait pas forcément des abrutis, des vendus, des collabos, des fachos ou des salauds, pour autant. 

Ces dernières semaines ont été détestables.  Elles ont instauré dans notre pays un climat de querelles et d’affrontement systématique, à grands coups d’invectives, d’accusations et de menaces. 

Blaise Cendrars a écrit :  « La vie n’est pas un dilemme et, entre les idéologies contraires entre lesquels on nous somme d’opter, il y a la vie, la vie, avec ses contradictions bouleversantes et miraculeuses, la vie et ses possibilités illimitées, ses absurdités beaucoup plus réjouissantes que les idioties et les platitudes de la politique (…) ».

Il est temps de recommencer à vivre.

C’est l’été. Réjouissons-nous pour nos gamins qui viennent d’avoir le bac, enflammons-nous pour le foot, le tour de France, les JO, promenons-nous en tenues légères, marchons pieds nus dans l’herbe, échangeons des sourires avec des inconnus, allons danser ou assister à un festival, buvons du rosé bien frais, profitons des dernières cerises, des pêches bien mûres, partons faire du vélo, sautons dans l’eau froide et prenons des coups de soleil.

Et surtout, sortons de chez-nous, éteignons un peu les écrans, rencontrons-nous, discutons « en vrai ». ça nous permettra de vérifier qu’il fait (presque) beau et que les gens sont heureusement bien plus complexes et nuancés que ce que nous en montre les médias.

Nathalie Bianco

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