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Quand je vais acheter des culottes et des soutifs, je suis plutôt de bonne humeur 

Je ne sais pas vous, mais moi, généralement, quand je vais acheter des culottes et des soutifs, je suis plutôt de bonne humeur. J’aime bien les boutiques de lingerie, j’aime bien l’idée d’essayer des jolies choses, c’est un plaisir, pas forcément quelque chose d’utile ou d’indispensable. Juste un plaisir. Alors quand j’y vais,  je suis dans un état d’esprit léger, contente d’être une fille, j’ai envie de me sentir séduisante, sexy ou simplement bien, à l’aise. 

Je ne sais pas vous mais moi, dans ces moments,  je n’ai pas envie d’être servie, conseillée par quelqu’un qui considère que la chose prioritaire dans notre échange, c’est que je sache d’emblée à quelle doctrine politico/religieuse elle se réfère. Ce n’est pas ma priorité d’avoir ce genre d’informations. Quand je parle à une vendeuse de chez Etam, pour moi,  le plus important c’est de savoir si c’est possible d’avoir un balconnet à armature qui ne fasse pas mal, si la dentelle strech, ça ne risque pas de se détendre au lavage machine. Ce qui est important aussi, c’est qu’elle évite de pouffer quand je lui dis que le slip, je vais finalement  le prendre en 42/44 et qu’elle me rassure que de toute façon, « ça taille petit ». 

Je ne souhaite rien d’autre. Je m’en cogne de sa religion, tout comme je m’en fous de ses opinions politiques, ou de ses pratiques sexuelles. Elle peut être fan de Jean Pierre Raffarin et adorer l’éjaculation faciale, ça la regarde, je ne veux pas le savoir, pas plus  que je ne désire connaître ses croyances religieuses. 

Et surtout, je ne veux pas sentir sur moi le poids d’une réprobation qui n’aura même pas besoin de mot pour s’exprimer car son uniforme parlera pour elle.  Je n’ai pas envie d’être servie par une femme qui s’affiche ostensiblement comme « pudique », et qui me fera donc comprendre en creux que, moi je ne le suis pas. 

Même si elle ne me le dit pas, même si elle me sourit, son voile me criera à la figure qu’une femme respectable, se devrait d’être cachée, modeste, afin de ne pas susciter la convoitise. 

Je ne sais pas vous, mais moi, je suis fatiguée de ces polémiques montées de toutes pièces, de ces pièges, de ces coups de boutoirs, sans cesse donnés à nos valeurs, de ces pleurnicheries victimaires parfaitement rodées. 

Je n’ai pas envie d’être tolérante envers des gens qui sont l’intolérance même, le jour où ils deviennent majoritaires dans une société. 

Le slogan d’Etam c’est « the french liberté ».

Alors mon bonnet C, mon 42/44 et moi, on continuera à être choqué par cet apartheid de bigot et même s’il est effectivement autorisé, on continuera à user de notre droit à s’en offusquer. 

C’est ça notre french liberté à nous.

Nathalie Bianco

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