Ce serait bien d’arrêter un peu avec ces images de petits africains qui auraient reconstitué un Airbus A380 ou une Cadillac Eldorado avec des bouteilles de Perrier vide.
De la même manière, si on pouvait voir moins de ces pseudo plantes exotiques, dont les fleurs représenteraient des chats ou des chiots ça ne serait pas plus mal. Pourquoi pas une plante avec la tête des députés LFI tant qu’on y est ?
On pourrait y aller mollo aussi sur les « Sublimes Femme du désert » parées d’émeraudes. Si ce genre de fille existait, il y aurait peu de chance de tomber sur elle en train de surveiller un troupeau de zébu au fin fond du Sahel, et beaucoup plus qu’elle soit candidate à l’élection de Miss Univers, ou influenceuse à Dubaï.
Et à propos d’influenceurs, sachez aussi que Rodin ne ressemblait pas à un hipster ahuri et qu’il n’a jamais fait de selfie malicieux avec Camille Claudel.
Enfin, dans la vraie vie, les enfants dépressifs à la tête énorme et au regard de personnages de Manga, qui portent une corbeille de chatons dégénérés sans oreille, vivent dans les environs de Fukushima ou de Tchernobyl et ça n’a rien de « trop mignon ».
On ne peut rien contre l’Intelligence Artificielle. Il va bien falloir faire avec, d’autant plus que la technologie devient tellement sidérante qu’il sera dans très peu de temps vraiment impossible de faire la différence avec la réalité.
En attendant, les images générées par l’AI me paraissent moins préoccupantes que les réactions extatiques générées par les crédules :
« Que la nature est belle !», « Bravo à ce petit garçon, quelle ingéniosité ! » et autres « Waouh, cette femme est magnifique !».
Cette naïveté et ce manque de recul peuvent faire sourire mais les visuels et les vidéos ne seront pas toujours aussi anodins que ces faux mioches au regard mort et ces vilaines fleurs kitsch.
Quand on pense aux élections à venir, aux grandes orientations sociétales à prendre, aux conflits qui s’étendent, c’est assez flippant de constater que des milliers de gens likent et partagent des images débiles, sans même prendre la peine de réfléchir un quart de seconde.
Peut-être finalement, avons-nous moins à craindre des excès de l’intelligence artificielle que de la pénurie d’intelligence naturelle.
Nathalie bianco