Il y a bientôt quatre-vingts ans, Majdanek fut le premier camp de concentration libéré.
Au fur et à mesure de l’avancée des alliés, le monde découvrait l’horreur concentrationnaire.L’inimaginable devenait réalité. Les images d’amas de corps sans vie et le défilé de lambeaux de vie accrochés à des corps décharnés, choquèrent le monde des vivants.
On pensait, sans comprendre, avoir atteint l’Horreur absolue.
Et puis le temps a fait son œuvre. Des voix se sont éteintes, quand d’autres se sont élevées pour semer le doute et nier l’évidence.
Dans ce monde trouble dans lequel nous vivons et dans lequel nos enfants vivront, il est plus que jamais nécessaire de se souvenir et transmettre.
D’abord, parce que ce qu’il s’est passé n’est pas, contrairement aux propos de Jean-Marie Le Pen, un détail, mais un acte essentiel dans l’Histoire de l’Humanité.
Depuis toujours, on se demande quelle différence existe entre l’Homme et l’Animal. Certains ont proposé le rire, la parole, la pensée, la capacité à concevoir des outils…
J’ai envie de rajouter l’Horreur et l’Inhumanité.
Car ce qu’il s’est passé dans l’Univers Concentrationnaire, aucun animal n’a jamais été et ne sera jamais capable de l’imaginer, de le concevoir ou de le faire.
À quoi ont servi trois millions d’années de progrès, sinon à inventer des armes de plus en plus terrifiantes et à faire de l’Homme, l’animal le plus féroce et le plus idiot de la Planète. Car comme le disait Martin Luther King, “Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots“
Transmettre, parce que l’Histoire est un éternel recommencement et ce qui fut possible hier, le sera demain. Parce que quand l’inimaginable se produit, il devient possible et pourra se reproduire.
Ne pas oublier l’Horreur vécue par nos pères est le meilleur moyen d’en protéger nos enfants et les générations à venir.
Transmettre, parce que le passé nous apprend que l’Horreur est sans limite et que les horreurs vécues nous préparent aux prochaines qui seront pires encore.
Transmettre, par respect pour les millions d’hommes, de femmes et d’enfants qui ont souffert. Ceux qui ne sont pas revenus, qui sont morts et dont les voix se sont éteintes, et ceux et celles qui sont revenus, n’en sont jamais sortis et n’en ont pas parlé, car il n’y a pas de mots pour dire l’indicible.
La Mémoire n’est pas qu’un devoir, c’est notre unique chance pour demain.
Jean Marie Kutner