Étranger aux Affaires

Lors de l’heure de gloire des guignols de l’info, les téléspectateurs pouvaient voir écrit « Etranger aux Affaires » comme titre pour la marionnette du ministre du Quai d’Orsay. 

Rien n’est plus vrai aujourd’hui, si ce n’est pire.

Même si les affaires étrangères relèvent du domaine réservé du Président, les diplomates du Quai ont souvent eu historiquement un biais pro-arabe et anti-israélien, le tout couronné d’anti-américanisme primaire. Ils restent figés dans ces préjugés alors que la région moyen-orientale bouge et passe à autre chose avec les accords d’Abraham et le rapprochement d’Israël avec les pétro-monarchies du golfe.

Malgré ces visions datées, partagées en partie par des fonctionnaires zélés du Foreign Office et du Département d’Etat, nos amis du Quai ne sont plus à une humiliation près.

Je ne m’attarderai pas sur la brouille entre Paris et Rabat, qui devrait être un allié stratégique pour la France ; je préfère pointer la faillite de la politique étrangère de la France en Afrique.

La France, ancienne puissance coloniale, a subi une débâcle au Mali et dans le reste de l’Afrique. 

Comment expliquer qu’un coup d’Etat puisse être mené dans un pays au nez et à la barbe de plusieurs milliers de soldats français de l’opération barkhane ?

Un débat public est un minimum.

Je doute fort que Jacques Foccart, architecte de la françafrique, ait laissé se dérouler ce genre de déroute.

La France ne fait plus peur. Elle est décriée à l’international.

Dans le même temps, l’Allemagne se réarme en achetant du matériel américain (F-35) et des systèmes anti-missiles Arrow-3, made in Israël et est à l’initiative d’un bouclier du ciel européen qui intéresse 17 pays, sauf la France.

La Pologne va acquérir le système antimissile américain Patriot pour 15 milliards de dollars.

Malgré sa bombe atomique et son armée la plus puissante des 27, la France ne peut être l’armée de défense européenne. Elle a déjà un nom : l’OTAN avec l’armée américaine.

Le pouvoir va continuer à se déplacer vers Berlin au lieu de Paris, et Macron a beau jeu de souhaiter un bouclier antimissile européen qui donnerait la priorité aux matériels européens, Berlin sait que seule l’OTAN, avec l’industrie de défense américaine couplée aux technologies israéliennes, a actuellement les capacités de répondre aux menaces.

Les firmes américaines telles que Lockheed Martin, Boeing, Northrop Grumman, Raytheon, restent parmi les plus grands fournisseurs d’armement et totalisent à elles quatre près de 450 milliards de dollars de capitalisation boursière.

Difficile de faire mieux.

La France a de son côté des fleurons de l’armement, plus petit que ses compétiteurs américains. Ces dernières années, elle en a laissé filer certains à l’étranger.

L’exemple le plus notable a été la cession d’Alstom à General Electric, Alstom fournissant les turbines des sous-marins nucléaires français.

Des décennies de coupes budgétaires et la professionnalisation de l’armée ont fait de la France une puissance militaire moyenne et un nain diplomatique sans vision stratégique.

Bien triste.

Est-il possible que la France redevienne la puissance qu’elle était ? Cela passera nécessairement par une vision stratégique et des personnes compétentes aux postes clés.

Seul l’avenir le dira….

Donald Duck

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