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Yelena

Chapitre XLV

La piscine Orthlieb

Dans ce nouveau monde, le jeune couple prenait pleinement, abondamment, tout ce que cette nouvelle ère leur offrait. La première étape du retour à la liberté était la  piscine “Georges Orthlieb », qui faisait la joie des Casablancais qui l’avaient évitée en période de guerre. 

Conçue par l’architecte Maurice L’Herbier et inaugurée en 1934, ce temple  des naïades était la plus longue piscine du monde avec 480 mètres de long et 75 mètres de large. Elle était alimentée par l’eau de mer renouvelée tous les jours par le miracle naturel des marées et par une station de pompage. Cette piscine immense, avait été construite  dans les parois rocheuses en bordure de la plage d’Ain-Diab.

Les casablancais l’appelaient aussi « la piscine municipale » ou « le Centre Balnéaire de Georges Orthlieb », qui était le contrôleur en chef de la région de la Chaouia (1880-1937). La piscine suscitait à chaque visite de ses habitués l’étonnement et l’admiration; elle se divisait en trois bassins sur une surface de 5,7 hectares pour un volume total 100 000 m³ d’eau. Elle possédait une tour de plongeon et un toboggan hors du commun. Berthold y faisait le saut de l’ange accompagné des amateurs de sauts qui faisaient partie de l’attraction de cet endroit magique et unique. La piscine était un lieu de rencontre et de détente jusque dans les années 50, lorsqu’elle fut désertée par la bourgeoisie pour des piscines plus modernes où l’on pouvait chanter, danser, flirter et rattraper les temps de punitions.

Les arènes de Casablanca organisaient des corridas, mais aussi des concerts où les casablancais allaient voir et entendre Bécaud, ou Aznavour. Le théâtre municipal de Casablanca recevait les Galas Karsenty. Les clubs de jazz poussés par la Air Base américaine de Nouasseur attiraient aussi ce nouveau public qui s’était tapi dans ses peurs et qui était avide de consommations.

Il existe encore dans cette ville splendide une architecture Bauhaus qui comblait la curiosité de Berthold. Il redécouvrait Casablanca et marchait toujours la tête en l’air pour mieux saisir les formes, les contours et tous les détails des immeubles Lévy Bendayon, Moretti-Milone, la Villa Samy Suissa, l’Immeuble Liberté et toutes les milles et une merveilles de Casa la Blanche. 

Rose suivait, mais elle n’était pas aussi touchée que Berthold que la seule vue d’une feuille émerveillait. Il disait à Rose:  « Bientôt nous ferons construire notre villa, j’ai un client architecte qui me parait sérieux”, puis  il s’évadait dans la description rapide d’une villa art déco, comme il la rêvait et qui allait très rapidement prendre forme dans la rue du Soldat Maurice Benhamou adjacente au Rond Point Racine et dont l’architecte serait Monsieur Surville. 

Slil

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