Hugo…bobo….facho

D’après Einstein, rien ne peut dépasser la vitesse de la lumière. Eh bien si ! On peut passer du statut d’écolo-gaucho à facho instantanément ! Il suffit pour cela de saluer, pire, de débattre tranquillement avec un membre du Rassemblement National. 

Jusqu’à la semaine dernière, on ne pouvait soupçonner le journaliste et militant écolo et antispéciste (c’est dire!), Hugo Clément, de sympathies pour tout ce qui se trouvait à la droite d’une ligne de barbelés tracée aux frontières du monde pur, c’est-à-dire LFI. Il aura suffit d’une discussion anodine sur l’environnement entre deux personnes aux idées différentes, pour que l’une d’elle change de statut, passant des eaux claires de la Vérité aux brouillards opaques de la nuit profonde. Nacht und Nebel.

Si l’on suit les fulgurances intellectuelles des khmers français, le simple fait d’échanger avec une personne dont les idées diffèrent des vôtres, vous transforme, sur le champ, en « l’autre ». En d’autres termes, le simple contact avec le différent efface la différence pour donner naissance à une chose « indifférenciée ».  

En y regardant de plus près, on voit que cette indignation immature et surjouée est, en réalité, un aveu de faiblesse. En effet, s’il suffit à Hugo Clément de parler à Jordan Bardella pour devenir facho, c’est que la consistance de ses convictions politiques est celle d’un pet. En toute logique, c’est l’inverse qui aurait dû se produire: Jordan, en débattant avec Clément, représentant des Nouvelles Lumières, aurait dû, ipso facto, être subjugué par ce monde merveilleux. Il se trouve que c’est l’inverse, paraît-il, qui s’est produit.

Qu’il soit la cible de quelques enragés chroniques et baveux, rien de plus habituel et qu’une bonne partie de la gauche leur ait emboîté le pas, rien de plus…habituel aussi. Ainsi, le député qui porte bien son nom, Aurélien Taché, n’hésite pas à déclarer sur Twitter : «Je résume : comme Brigitte Bardot, je suis à prêt à cheminer avec des racistes, homophobes et antisémites, pour défendre les droits des animaux». « Cette soirée a permis de découvrir le vrai visage d’Hugo Clément : celui de la caution écologiste de l’extrême droite».

Au-delà de l’ineptie des attaques sectaires et haineuses dont Hugo Clément est l’objet et ce dont, jusqu’ici, on se contentait de s’offusquer, il est à craindre que la gauche soit, en réalité, atteinte d’une maladie incurable la rendant définitivement hermétique à tout bon sens. D’aucuns diront qu’on le savait déjà, certes, mais on se disait que ce n’était qu’une crise passagère, que le retour sur Terre était pour bientôt. Il semble que non.

Après tout, et à y bien réfléchir, est-ce vraiment si mauvais que cela pour notre pays? On sait désormais que la recherche du débat, de l’échange et de la contradiction constructive est l’apanage de la seule « extrême-droite » (comprendre: tout ce qui n’est pas de gauche), ce qui, finalement, devrait nous simplifier la tâche au moment de mettre un bulletin dans telle ou telle urne.

Sartre écrivait que si le juif n’avait pas existé, les antisémites l’auraient inventé*. Eh bien, si le facho n’existait pas, l’antifa l’inventerait. D’ailleurs, qui mieux qu’un facho de gauche pour dénoncer un facho de droite?

O.T.

*Réflexions sur la question juive, J-P Sartres.

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