« Les prévisions sont difficiles, surtout lorsqu’elles concernent l’avenir. »
Pierre Dac
Paul Volcker, président de la Réserve Fédérale, porta les taux des fed funds à 20% en 1981 pour vaincre la forte inflation et pour permettre aux Etats-Unis de sortir de cette période stagflationniste des années 70.
Les taux de rendement de l’obligation d’état US Treasury à 10 ans étaient à 15,8%, correspondant à un plus haut historique (à un prix le plus bas, le prix de l’obligation variant en sens inverse des taux d’intérêts). Le niveau du ratio dette publique/PIB était proche de 30%.
Le monde a vécu 40 années de prospérité à crédit. Les déséquilibres mondiaux atteignent désormais des sommets :
- Le Yen s’est fortement déprécié face au dollar à son plus bas niveau depuis près de 30 ans. C’est d’autant plus significatif que le Yen est une devise « carry trade »
- La livre sterling s’est également effondrée face au dollar atteignant le niveau connu en 1985.
- Il en est de même pour l’euro qui se rapproche de ses plus bas de l’an 2000.
- Après une baisse continue du taux à 10 ans américain depuis 1981 de 15% à 1%, nous assistons à une forte remontée du taux à 4% en très peu de temps.
- Le niveau mondial des dettes publiques est très élevé à plus de 100% du PIB, et à près de 350% lorsque l’on ajoute les dettes privées (ménages et entreprises).
- L’inflation retrouve ses sommets des années 70.
Dommage que ni les dirigeants ni les banquiers centraux ne se soient pas remémorés les propos du livre L’Action humaine, traité d’économie (1949) de Ludwig von Mises de l’école autrichienne d’économie : « Le mouvement ondulatoire affectant le système économique, la récurrence de périodes de prospérité suivies de périodes de dépression, est le résultat inévitable des tentatives, répétées à maintes reprises, de faire baisser le taux d’intérêt brut du marché au moyen de l’expansion du crédit. Il n’y a aucun moyen d’éviter l’effondrement final d’un boom provoqué par l’expansion du crédit. L’alternative est seulement de savoir si la crise devrait survenir plus tôt en tant que résultat d’un abandon volontaire d’une nouvelle expansion du crédit, ou plus tard en tant que catastrophe finale et totale du système monétaire impliqué. »
Plusieurs cassandres ont pourtant décrit les exubérances irrationnelles depuis une dizaine d’années tout en étant marginalisés et démentis par les faits. Auront-ils raison cette fois-ci ? En bourse, on a toujours tort d’avoir raison trop tôt.
Livrons-nous à un exercice difficile de prévision : quelles sont les perspectives économiques et financières de la période 2020-2030 ?
- La récession parcourra le monde en 2023
- L’avenir économique de l’Europe, avec ses choix stratégiques ineptes, est sombre. L’Europe ressemblera à une zone fortement désindustrialisée avec un chômage de masse associé à un fort endettement des états.
- Quelle politique économique sera choisie ? Austérité ? Fuite en avant dans un scénario à « la japonaise » ? N’oublions pas que la dette japonaise est détenue par ses citoyens. En résumé, une autre décennie perdue.
- Les grands gagnants seront les États-Unis et l’Asie. Le dollar permet au pays de rembourser sa dette en « monnaie de singe ». L’ancien secrétaire américain au Trésor, John Connally, avait prononcé ces mots en 1971 :« Le dollar est notre monnaie, mais c’est votre problème ».
- Le niveau des prix se situera structurellement à des niveaux plus élevés à cause de nouvelles réglementations décidées par les États au prétexte de lutte contre le réchauffement climatique, et à cause d’un monde moins mondialisé, la mondialisation avait permis la forte désinflation. N’excluons pas une déflation auparavant si la prochaine récession est forte. Ils refuseront de l’admettre mais l’inflation est un moyen de se débarrasser d’un endettement élevé. Après la deuxième guerre mondiale, plusieurs pays l’ont fait.
- La crise pourra servir de prétexte aux états afin de revenir à une politique économique « dirigiste », où les Banques Centrales ne seront plus « indépendantes ». Récemment, le gouvernement allemand ne s’est pas coordonné avec la BCE lorsqu’il a annoncé son plan d’aides à 200 Milliards alors que cette dernière montait les taux d’intérêts.
Si le passé peut servir de guide, les prochaines décennies connaîtront des crises similaires à celles de la décennie des années 70 avant que les politiques initiées par Reagan et Thatcher ne rétablissent la situation.
Donald Duck