Noël…on regarde ailleurs, on refuse la réalité

Nul besoin de dire le faux. Il suffit de ne pas dire une partie du vrai. C’est ainsi que toute idéologie mortifère procède pour réaliser et diffuser des allégations inventées, sans le moindre mensonge apparent ! 

Voilà en cadeau de Noël un contournement de notre civilisation rhénane et de notre démocratie.

Depuis mon enfance, j’ai toujours entendu dire que le Christkindelsmärik concernait par vocation l’ensemble du peuple alsacien. Désormais, ce n’est plus Noël mais plutôt le marché de Noël, bientôt ce sera le marché d’hiver, car le vocabulaire possède des nuances que le wokisme inclusif ignore. 

Nous sommes aux franges non plus d’une société de libertés mais d’autorisations. Dans le centre-ville où l’on a fait le ménage des ordures et des clodos trônent le colifichet et l’artificiel. Je n’ai rien contre le marché responsable. Mais pourquoi se distinguer en se mettant à part « moi, je… » ?

N’est-ce pas une trahison chrétienne de nos valeurs inclusives de charité ? Nous sommes nombreux à déplorer cette absence criante de saveur noëlique qui enivre. Où est donc passé le message spirituel qui fait notre identité alsacienne ?  Aurions-nous honte d’être ce que nous sommes et non pas ce que la doxa bien-pensante voudrait que nous soyons ?

Mais avons-nous encore le droit de parler de culture et d’identité dans ce monde multiculturaliste qui veut tout aplanir, tout aplatir pour nous rendre invisibles ?

Dans une allégorie célèbre, Platon met en scène des hommes enchaînés dans une caverne : tournant le dos à l’entrée, ils ne voient pas des objets, mais leurs ombres projetées sur le mur, qu’ils prennent pour la réalité, toute la réalité. 

Confondre ombre et vérité : voilà le syndrome que nourrit l’addiction à l’idéologie moralisatrice. Voir la vie au travers de sa projection narcissique dans le monde liquide, penser l’instant d’abord dans sa représentation, sa mise en scène dans l’agora du vide. Et se placer ainsi dans l’attente éperdue de l’écho de soi-même que renverront, sans doute, les murs de l’Ellipse insulaire de Strasbourg, caverne des temps modernes.

Cette situation dégradante au plan moral se concrétise à la vue des hordes de touristes encapuchonnés sous des bonnets de père Noël qui quittent, la tête basse, la place de l’Etoile où s’entassent sous de misérables tentes, des hommes, des femmes et des enfants pour aller s’enfermer dans le Sing Sing contrôlé, sécurisé et illuminé : c’est Strasbourg, dite Capitale de Noël.

Lécolo-show must go on avec les grands sentiments, mais…point de valeurs spirituelles qui ont fait l’Alsace. C’est une sorte de dépossession existentielle qui reconduit les interdits idéologiques fixés par l’orthodoxie verdoyante qui se veut dominante!

Cela rappelle ces populations chrétiennes persécutées dans le monde (c’est chez nous, le monde) dont on s’abstient de parler. Ce serait faire insulte au vivre-ensemble : on retrouve ici le silence des médias qui, refusant de voir et de dire les choses, deviennent des complices de ce déni de réalité. C’est pire que la confusion des sentiments, comme aurait pu dire Stefan Zweig !

En consentant à ce que ce grand cirque du marché de Noël devenu récurrent s’intègre à la trilogie marchande : Halloween et Black Friday, nous renions l’exemplarité de notre civilisation judéo-chrétienne. 

Prenons garde à la politique des petits pas propre aux idéologies marxistes et islamistes : je frémis quand le conseil municipal de Strasbourg statue sur le contrôle social tatillon des produits interdits au marché de Noël. 

Mettre sur le même pied le loukoum et la croix du Christ, c’est un premier pas avant un prochain diktat, au nom du multiculturalisme, pour mettre un voile sur la cathédrale afin de la dissimuler aux yeux des badauds déshumanisés. C’est une politique de partition organisée avec la novlangue.

Pour ma part, je me refuse de mettre les pieds dans ce carnaval des marchands du temple pour ne pas me sentir dégradé…

Camerone

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