À défaut d’évoquer Brecht qui en a un peu marre de faire des loopings dans sa tombe, citons cet immense philosophe, phare de la pensée dite progressiste, qui avait lancé ce cri du cœur en 2016 à l’occasion des élections européennes : « Il faut cesser de dire que le Peuple a toujours raison! »
C’est bref, c’est clair, c’est précis. On n’a pas trouvé mieux pour illustrer la non-démocratie.
Il faut comprendre, à travers les propos de Dany-le-rouge, qu’il existe une clique dont les convictions n’ont d’universel que ses intérêts propres. Tout ce qui freine, entrave, gêne un tant soit peu la marche forcée vers le nirvana progressiste doit être éradiqué.
Ce que l’on nomme « progressisme » pour faire accroire qu’il s’agit de progrès n’est que le faux-nez d’une idéologie qui est à la l’Humanité ce que le panzer est à la poésie.
Dany fait partie d’une clique qui pense pouvoir se passer des peuples, non pas dans leur totalité, car ils ont tout de même une utilité fonctionnelle car productrice, mais des peuples et des communautés d’humains libres, souverains et pensants ; or, les peuples ont une histoire, une identité, une conscience, un enracinement, des frontières, toutes ces notions au mieux honnies, au pire niées par des pseudo-universalistes dont la conception du monde et de son avenir est aux antipodes de ce qui fait l’Humanité depuis l’origine.
L’universalisme de l’ONU et de Davos ne peut survivre à la diversité des traditions, des coutumes, des savoir-faire ancestraux, des couleurs, des religions. Il les lui faut donc détruire à l’aide de la potion émolliente de la « déconstruction » et de la tolérance. Si la méthode lénifiante, tantôt anxiolytique, tantôt anxiogène ne suffit pas, suivront le dénigrement, la dénonciation, l’humiliation puis l’élimination sociale avec la complicité vicelarde des réseaux sociaux zélés.
Le bonheur ultime de l’Humanité sera tout entier contenu dans la Sainte Uniformité. Les peuples doivent comprendre que leur survie en tant que peuples équivaut à leur perte et qu’ils n’ont aucune place dans le monde de demain, nouvellement ordonné, s’ils ne se plient pas à la doxa mondialiste.
Le monde de demain est un monde sans mémoire car l’Histoire n’est plus enseignée ; d’ailleurs, il n’y a pas d’Histoire, il n’y en a jamais eue, comme il n’y a jamais eu de culture, encore moins française. Il n’y a aucune différence, nulle part. Un pygmée est un norvégien qui s’ignore. Les différences, la binarité du vivant ne sont que vues de l’esprit.
Dans l’Eden des clairvoyants, les peaux sont créolisées, les religions mélangées, les sexes indifférenciés, il n’y a plus ni droite ni gauche, ni hommes ni femmes, on est contre la pollution et pour la voiture électrique, pour le voile et pour la liberté, contre la violence et pour la stigmatisation. La doxa officielle est « l’uniformisme », néologisme bancal mais qui résume ce concept abscons qui ne fait que détourner le thème de l’universalisme pour mener à l’effacement de toutes les différences.
Dans le New Woke Mondial, l’avenir ne se construit pas, il se déconstruit. On notera au passage qu’à l’origine de la déconstruction, devenue « wokisme », avec son troupeau de « déconstructivistes », on trouve non un anglo-saxon mais un français, Jacques DERRIDA, qui est malheureusement mort trop tôt pour pouvoir contempler le désastre de ses théories fumeuses semées aux USA et récoltées dans tout l’Occident. C’est une manie bien française que de lancer des boomerangs révolutionnaires qui finissent toujours par nous retomber sur le coin de la gueule.
Lorsque la déconstruction sera achevée et que les déconstructeurs contempleront leur (dés)œuvre du haut du tas de cendres, il sera toujours temps pour eux de se demander si tout est conforme aux ordres auxquels ils ont obéi sans se demander d’où ils venaient.
Sur la planète des singes, où les singes ont pris la place des humains, l’élite simiesque est persuadée que la survie de son espèce passe par l’éradication totale de l’espèce humaine et l’effacement de toute trace de sa civilisation, à plus forte raison si cette civilisation présentait des signes de supériorité.
Sur cette même planète qui est encore – pour le moment – humaine, le moyen jugé le plus efficace pour atteindre l’objectif ultime est le capitalisme le plus outrancier, dans lequel la finance (cette ennemie!) n’est qu’un moyen et non une fin. Cette finance – au sens large – n’est qu’un moyen transitoire, une étape entre l’alpha du monde d’aujourd’hui et ses structures archaïques et l’oméga du progrès inéluctable et salvateur.
S’ouvrira, enfin, l’ère infinie de l’Homme et de la Femme nouveau-elle, celle du transhumain débarrassé de ses oripeaux bourgeois, libéré de sa souveraineté pesante, abandonnée à celles et ceux qui sont au-dessus, la haut, tout là-haut, seuls habilités à décider car seuls autorisés à savoir.
OT