Je suis tombée amoureuse parce que rien n’était fait pour. Parce qu’il se moquait bien d’être séduisant. Parce que faire des efforts pour plaire au monde semblait ne pas faire partie de ses volontés. Parce qu’il avait quelque chose de triste bien caché au fond de l’âme. Il avait dû naître comme cela, lui aussi, avec cette nostalgie collée aux poignets. Parce qu’il puait la liberté, mais qu’il était prisonnier. Parce qu’il y avait sur ses lèvres un peu d’amertume et beaucoup de tendresse, de l’amour qui a pleuré et l’envie de la passion. Parce qu’il parlait peu. Parce que lorsqu’il parlait, j’avais envie d’écouter. Deux mots, c’était déjà trop. Je ne me souviens pas avoir aimé les mots comme l’eau, qui débordent. Il était nu, même habillé. Pudique de son âme et de son corps. En y regardant de près, je l’ai immédiatement soupçonné de ne pas trop s’aimer. Je l’ai aimé à sa place. J’avais de la place dans le cœur. Il y avait, au fond de son regard, un vieux truc perdu, hagard. J’avais envie de l’aider à le retrouver. Il souriait peu. Il me faisait rire sans jamais essayer. Je ne crois pas que les gens drôles m’aient jamais beaucoup amusée. Lui, il me donnait envie de hurler de rire parce qu’il se moquait de lui-même en riant de ce qui l’entourait. Je l’ai aimé parce qu’il était faussement détaché, fragile, sensible, agressif et démuni. Parce qu’il le cachait.
Je l’ai aimé parce que personne ne s’y attendait.
Martine SDY BENZAQUEN®️