Une démocratie en panne

Je revendique la possibilité de douter, de poser des questions, et de m’indigner. 

Nous sommes dans une Société où le doute n’est plus permis. Toute question devient suspecte. Le choix : classé comme complotiste au mieux, traître au pire. 

Il n’est absolument plus possible d’avoir une pensée raisonnée, de poser des arguments et des contre-arguments, de les étayer, de peser sa réflexion pour en définir une intime conviction. Le champ de l’interrogation n’existe plus. 

Non, il faut forcément suivre une ligne, une doxa, un évangile politique. Toute gnose intellectuelle est considérée comme hérétique et doit être détruite. Le peuple, cette masse, est rangé dans la catégorie des ignares ; il doit se biberonner aux paroles  «des experts » qui tournent en boucle. Un véritable lavage de cerveaux. 

Tout devient potentiellement sources de conflits. On vous reproche vos lectures, vos amis, vos idées, vos écrits. Vous devez supporter une équipe et vous y tenir ! Allez les bleus, allez rouges et ça gueule comme dans un stade. Il faut forcément être partisan sinon c’est la disqualification sur les réseaux sociaux. 

Ce qui fonctionne le mieux c’est l’insulte. Pour détruire votre contradicteur allez-y franchement, plus c’est fort mieux c’est. Toutes les limites, même celles de l’impolitesse et de la grossièreté sont permises. L’irrespect est devenu une ligne de conduite. 

Je ne sais pas vous, mais en toute humilité, je ne comprends pas forcément tout. Vouloir s’informer sur des canaux alternatifs pour avoir des avis volontairement divergents est devenu suspect. S’enquérir des faits, enquêter, investiguer, pointer les contradictions, s’en amuser lorsque la situation devient ridicule vous vaut d’être jeté au pilori. Utiliser « c’est C.-On » et c’est le bannissement de Facebook pour un mois. 

Les autres parlent pour vous : vous êtes de droite, de gauche, d’extrême-droite, d’extrême-gauche parce que vous avez pensé cela ou dit cela ; on réinterprète vos réflexions ; on vous catégorise à la moindre occasion. 

Résultats : les gens se taisent. Plus rien ne sort, plus rien ne se dit et la démocratie est en panne. La force de l’échange avec autrui est tarie. En dehors du radicalisme, point de voie. 

Pourtant, ce n’est pas parce que je m’indigne que je renie forcément mes idées politiques, mes valeurs, mes croyances. Je peux tout à fait leur être fidèle, sans pour autant tout remettre en cause. Je parle ici de cette capacité de s’indigner pour améliorer et pour construire quelque chose de plus pertinent et de plus efficient, pour avancer. 

L’État braque son 49.3 sur le projet de loi de finance, évite volontairement le sujet de la guerre en Ukraine, ferme les yeux sur les revendications des salariés sur la retraite, ne répond pas aux questions légitimes du vaccin concernant les conflits d’intérêts avec les laboratoires… et tout le monde s’en fiche. L’indignation n’est pas permise, elle est louche. 

Et bien mes chers concitoyens je vous le dis, nous sommes décadents et pleutres. Tous les croyants vous le diront : « douter c’est avoir la foi » et je veux encore avoir la foi en la France et en la République. 

Aujourd’hui, nous ne doutons plus de rien, c’est donc que nous ne croyons plus en rien. Quelle chance la France n’a pas eu de tomber sur nous en 1945.

Churchill

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