Deux auteurs, Jean-Marie Kutner et Richard Schalck, ont été distingués lors de la 88 assemblée générale de la Société des écrivains d’Alsace, de Lorraine et du Territoire de Belfort (SEAL), ce dimanche à Colmar.
À l’issue de la séance présidée par Gérard Cardonne et après la ratification de l’admission de onze nouveaux sociétaires, le prix littéraire de la SEAL a été remis par la présidente du jury Franziska Drareg en présence du maire de Colmar Éric Straumann à deux auteurs.
Lancien maire de Schiltigeim, Jean-Marie Kutner, a été distingué pour son premier roman, « Myriam pour toujours » aux éditions Sydney Laurent. La montée de l’antisémitisme et du négationnisme l’ont décidé à écrire ce roman historique sur la Shoah tout en évoquant une histoire familiale. C’est ainsi qu’est né l’ouvrage écrit sous forme d’un journal qui débute le 13 juillet 1942 et se termine en 2019 lorsque le narrateur transmet son journal à sa fille avant de mourir. Il s’agit d’une histoire d’amour entre deux enfants de 11 ans. Le garçon, qui n’est pas juif, est amoureux de Myriam. Hélas, le 16 juillet 1942 Myriam sera arrêtée par la police parisienne et son ultime message sera « ne m’oublie pas ». Cette terrible rafle du Vel d’Hiv verra l’arrestation de 13 000 juifs qui seront déportés à Auschwitz.
D’emblée, le lecteur est projeté dans la douleur de ce jeune garçon qui découvrira peu à peu l’horreur de la vérité qu’il ne pouvait imaginer. Une douleur qui devient l’élément définitif de son existence. Son journal se mue symboliquement en une stratégie de vie. À son tour, il sera un passeur de mémoire pour que l’on n’oublie pas.
Gustave Stoskopf, une conscience alsacienne
Richard Schalck a pour sa part reçu le prix d’honneur de la SEAL pour son livre « Gustave Stoskopf, une conscience alsacienne » aux I.D. Editions, une biographie s’inscrivant dans le cadre de la vie politique et culturelle de l’Alsace de la fin du XIXème jusqu’ à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Avec sa pièce de théâtre Herr Maire devenue le symbole culturel de l’Alsace, s’inscrivant à la fois dans la modernité et la tradition, Richard Schalck montre que cultiver l’idiome alsacien ne signifie pas tant la mise en scène du dialecte que la représentation de l’alsacien en tant que pratique sociale.
À l’instar de son modèle, l’auteur utilise un vocabulaire qui sent bon le terroir. Il n’a pas seulement élaboré la synthèse d’années de recherche accumulées dans le but d’écrire une histoire totale de Gustave Stoskopf, il réhabilite aussi la biographie comme mode d’approche de la réalité historique.
L’auteur ne manie pas la langue de bois pour montrer que Gustave Stoskopf fut le mainteneur de l’âme alsacienne.
L’historien Nicolas Stopkopf, descendant du dramaturge et artiste peintre, était également présent pour cette remise de prix.
N. P