Alors que nos informations télévisuelles nous distraient en permanence, les informations et renseignements concernant chaque individu s’accumulent.
Les informations sont détenues par le ministère de l’Intérieur (cartes grises, passeports, cartes d électeurs,) par les banques (suivi en temps réel de tous nos mouvements), par nos opérateurs- téléphone, par le fisc, le ministère de la justice, les photos prises par les radars, les caméras de circulation, d’entrée dans les lieux publics, cette multitude d’informations fait que personne n’échappe à cette inquisition.
L’un des seuls mécanismes qui permettrait encore d’échapper à cette surveillance automatique et généralisée, serait d’effectuer des transactions en « cash ».
Lorsque vous payez un artisan ou un voisin pour une petite réparation, lorsque vous achetez une baguette de pain, lorsque vous faites l’aumône, ou lorsque vous donnez un petit billet de banque à votre petit-fils pour son anniversaire, cela échappe pas, pour l’instant, à tout regard extérieur.
De nombreux projets de suppression de cash sont en cours. Certains pays, dont l’Inde et la Suède, les ont déjà appliqué. Non seulement il ne sera plus possible de payer en argent liquide, mais ces opérations anodines sont déjà considérées comme des «délits».
Toutes les banques centrales, dont la FED, la BCE, ont imaginé la suppression de leur monnaie (dollars, euros). Si cela arrivait les états interdiront d’abord l’utilisation de billets supérieurs à 20 50 euros, ou dollars, puis une suppression totale de toute monnaie. La véritable raison de cette suppression de cash n’est pas liée à la guerre contre le terrorisme, mais bien à la surveillance totale de la population.
La suppression de cash et la surveillance par l’intelligence artificielle tirent parti de la puissance de calcul et de la technologie de surveillance généralisée pour accomplir ce que l’État policier ne peut pas faire seul de façon efficace, faute de main d’œuvre et de ressources : être partout, surveiller chaque individu, contrôler et recouper les infos, participer à la surveillance généralisée de la population, sans compter le fait qu’avec un seul » clic », on pourra mettre » hors jeu » tout individu qui semble suspect ou qui s’opposerait au pouvoir en place.
La » confiscation » de l’argent est doublement bénéfique pour les banques et pour l’État: aucune ressource n’échappe à l’imposition, les banques pourront prélever les frais qu’elles veulent, même imposer des taux d’intérêt négatifs.
L’état, lui, pourrait dans un premier temps disposer de tous les moyens financiers qui lui semblent nécessaires.
Cette situation fait penser au livre » 1984″, de Georges Orwell, mais aussi à la pièce de théâtre « Caligula », d’Albert Camus où,
l’intendant de l’empereur romain Caligula, vient le voir, et l’adjure de prendre des mesures pour renflouer les caisses de Rome.
Caligula lui expose alors un plan » diabolique » : puisque ce sont des individus de l’empire qui disposent de quelques fortunes, ceux-ci doivent, obligatoirement déshériter leurs enfants en faveur de l’État.
Ainsi, au fur et à mesure des besoins de l’État, on éliminera ces personnes dans un ordre discrétionnaire établi, afin de s’emparer de leur patrimoine.
Caligula déclare : » Notez d’ailleurs qu’il n’est pas plus immoral de voler directement les citoyens que de glisser des taxes indirectes dans les prix des denrées dont ils ne peuvent se passer. Gouverner, c’est voler, tout le monde sait ça. Mais il y a la manière. Pour moi, je volerai franchement. Ça vous changera des Gagne-petit. Tu exécuteras ces ordres sans délai. Les testaments seront signés dans la soirée par tous les habitants de Rome, dans un mois au plus tard par tous les provinciaux. Envoie des courriers. »
A une remarque tentée par l’intendant, Caligula lui coupe la parole : «Écoute- moi bien, imbécile. Si le Trésor a de l’importance, alors la vie humaine n’en a pas…J’exterminerai les contradicteurs et les contradictions. S’il le faut je commencerai par toi ».
Ce qui n’était que fiction en 1945, et qui a valu le prix Nobel de littérature à Albert Camus, risque fort d’être le nouveau modèle d’aujourd’hui.
Y- a- t-il des limites en matière de cynisme?
Chanoine