Singeries estivales ?

“Ce sont toujours les cons qui l’emportent. Question de surnombre !”  (Frédéric Dard)

Ah les cons ! Alors que le Sars-cov 2 était maîtrisable au tout début, les mêmes dirigeants politiques et médecins ont répété les mêmes erreurs avec la variole dite du singe. Dès lors, le monde fait face simultanément à deux pandémies. 

L’OMS  a déclaré l’alerte pandémique le 23 juillet 2022.

Cette maladie, connue depuis 1958, était endémique en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. La variole du singe (monkeypox) est due à un virus proche de celui de la variole, un orthopoxvirus (virus ADN).

Contamination en hausse

Le nombre de cas diagnostiqués hors d’Afrique depuis mai 2022 est inhabituel, comme l’est la répartition géographique des cas dans plusieurs pays au même moment, ainsi que leur acquisition hors d’Afrique. Depuis le 18 mai, le nombre de cas augmente de façon importante en Europe (Angleterre, Espagne, Portugal, Belgique, Suède, France, Allemagne), Amérique du Nord (Canada, Etats-Unis), Australie.

La transmission se fait par voie respiratoire ainsi que par contact direct avec une lésion (fluide infecté). Les mesures de prévention sont donc les mesures AIR + CONTACT.

Un festival gay tenu début mai 2022 aux iles Canaries serait, selon certains, à l’origine de la diffusion massive de la maladie vers plusieurs pays. Le retour des médecins de plateaux télé correspond au moment où la maladie a été identifiée comme n’affectant que les homosexuels. 

Les quelques cas pédiatriques ont infirmé cette théorie. Encore une erreur, l’expérience du SIDA aurait dû servir de leçon.

Les épidémiologistes de renoms et les médecins spécialisés en maladies tropicales et émergentes ont vu une nouvelle fois leurs paroles minimisées. Un groupe de scientifiques pluridisciplinaires, World Health Network, avait averti des risques pandémiques du monkeypox. Il décida le 22 juin de décréter l’alerte pandémique face à la lenteur des autorités de santé publique.

Le professeur Laurent Kaiser* (Hôpitaux universitaires de Genève) pense que cette épidémie est un événement majeur, et ce malgré la perception par beaucoup de spécialistes de santé publique d’une maladie bénigne. Il rappelle, à juste titre, que son cousin, la variole, était un virus tueur que le monde a mis 200 ans à pouvoir éradiquer.

Sa diffusion à plus de 58 pays, la modification de son génome et son adaptation à l’homme la rendront présente parmi nous au cours des prochaines années voire décennies. En sera-t-elle plus transmissible ou plus dangereuse ? Nul ne le sait, mais jouer à la roulette russe avec la santé est une pure folie.

Que faut-il faire ?

Les gouvernements doivent tenir un discours de vérité et agir avec une vision stratégique.

Pourquoi, malgré deux années de Sars-cov2, la France n’a-t-elle toujours pas relocalisé l’intégralité de la chaîne d’approvisionnement des médicaments et des vaccins ? 80% des médicaments sont fabriqués en Asie (principalement en Inde ou en Chine). Invoquer le motif de sécurité nationale eût été suffisant pour le faire. 

A propos, le vaccin antivariolique est produit au Danemark. L’état des stocks français n’est pas connu au motif du « secret défense », la variole étant classée comme une arme biologique. Mais se réfugier derrière le « secret défense » pour masquer, encore une fois, une faillite de l’Etat est pitoyable.

Sanofi, leader pharmaceutique français et 3è groupe mondial, a également fait de son côté une erreur stratégique en cédant son activité de santé animale. L’émergence de virus du réservoir animal et leur adaptation à l’homme montrent que la santé doit être globale. Par ailleurs, l’échec de Sanofi et de l’Institut Pasteur à créer un vaccin contre le Sars-cov2, illustre le déclin français.

Le XXIème siècle risque fort de connaître des pandémies à répétitions. L’intelligence commande à l’adaptation et à l’investissement dans des solutions pérennes. 

Donald Duck

* Laurent Kaiser, médecin chef du Département de médecine des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), fût le chef du Service des maladies infectieuses, responsable du Laboratoire de virologie et directeur du Centre des maladies virales émergentes des HUG.

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