Amazon, amazone

N’importe quel helléniste ou d’aucune joueuse de jeux de rôle vous le diront, une Amazone, c’est une guerrière franchement éruptive qui a tendance à régler les problèmes de patriarcat à grands coups d’épée dans la tronche. Ce qui est certes brutal, mais clairement efficace. Selon certains, elles allaient jusqu’à se couper le sein gauche pour mieux tirer à l’arc, mais alors, que faire si on est gauchère ? Bref, de l’héroïne mythique de bon calibre, qui ira jusqu’à donner Wonder Woman, un must, si on apprécie la plastique de Gal Gadot.

Évidemment, pour nous autres, dépourvus de grands désirs héroïques et de combats titanesques, nous devons nous contenter de l’Amazon de Jeff Bezos, qui, quand il ne s’envoie pas en l’air dans une fusée et ne fait pas la une pour cause de divorce retentissant, passe son temps à chercher le moyen d’augmenter sa fortune en nous vendant encore plus de choses, de machins et de trucs. Sa société fout en rogne les écolos et les décroissants – même pas au beurre – mais elle remplace désormais le Père Noël au quotidien pour tous les autres, qui commandent d’urgence d’inutiles objets, livrés en un temps record.

Ce qui permet de s’interroger sur cette surconsommation, en contemplant cet « amas zone », cet endroit où nous accumulons nos rêves capitalistiques en entassant des dizaines de produits sans objet. Dans nos cerveaux attristés par la situation, quelle que soit cette situation, soit-elle somme toute assez confortable, nous comblons notre manque d’idéal par une exponentielle fièvre acheteuse, facilitée par le click et masquée par l’argent virtuel. Grâce à ces terrils de gadgets strictement sans intérêt et de fringues à la durée de vie plus courte qu’un rapport sexuel d’un éjaculateur précoce, nous semblons remplacer nos espoirs de grandeur par nos envies de possession.

Ou alors, de façon plus optimiste, cela démontre que nous avons tous une « âme à zones », suivant l’humeur du jour. Tout à la fois capable à la fois de trier nos déchets et d’en produire d’autres, sensibles à autrui et totalement misanthropes, ouverts au débat et intellectuellement monolithiques. Bref, comme le disait Nietzsche,d’être « Humain, trop humain« , à sa cuisinière qui lui reprochait de reprendre du leberwurst pour la troisième fois durant le même repas.

Tiberius Keurk

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